Et si le vélo devenait un avantage en nature ?

Faites rutiler vos pédaliers, accordez vos sonnettes et motivez vos collègues pour se mettre en selle : la 9ème édition du Challenge Au Boulot à Vélo approche à grands pas ! Pour l’occasion, l’équipe du CADR 67 est allée enquêter auprès de quelques compétiteurs hors pair de l’an passé. Potion magique ? Vélos à réaction ? Bicyclettes tunées ? Quels sont les secrets de ces pros du boulot à vélo ?

Notre série de portraits commence avec l’entreprise PTV France, lauréate du trophée du Pédalier d’Or 2017. Ce bureau d’études, situé dans le centre de Strasbourg, à deux pas de la place de la République, est spécialisé dans la planification des transports et la modélisation du trafic. Question mobilité, on peut dire qu’ils en connaissent un rayon ! L’entreprise compte une petite dizaine de collaborateurs, qui habitent pour la plupart à Strasbourg et utilisent le vélo quotidiennement pour se rendre au travail ou en réunion. Si cette proximité domicile-travail est un plus indéniable pour les employés, elle ne leur permet malheureusement pas de comptabiliser un grand nombre de kilomètres parcourus à l’issue du challenge. Mais la clef du succès est ailleurs… Depuis 2009, les employés de PTV France bénéficient d’un avantage en nature inédit : le vélo de fonction. Retour sur une initiative pleine de sens et résolument véloptimiste !

Une idée qui a fait son chemin…

Si PTV France peut désormais se targuer de posséder le trophée tant convoité du Pédalier d’Or, c’est grâce au coup d’œil avisé de Nadine, assistante ventes et marketing, qui a découvert le Challenge au Boulot à Vélo en surfant sur internet : « Comme nous allions tous déjà au boulot à vélo, je me suis dit qu’on devait s’inscrire ! En allant sur le site, j’ai vu qu’ils avaient lancé le trophée du Pédalier d’Or en 2017 pour récompenser la meilleure initiative. Comme je ne n’avais jamais entendu parler d’une autre entreprise qui propose des vélos de fonction, je me suis dit que nous devrions tenter notre chance… » Et Nadine avait vu juste !

La jeune femme explique que tout a commencé en 2009, lorsqu’une loi contraint les entreprises à prendre en charge 50% des frais d’abonnement de transports en communs de leurs salariés. Nadine se souvient : « C’est notre gérant Frédéric qui a eu l’idée du vélo de fonction ! Il souhaitait que les gens qui ne prennent pas les transports en commun puissent aussi bénéficier d’une compensation de la part de l’entreprise, et aussi faire changer les mentalités pour inciter plus de personnes à prendre le vélo. » Elle ajoute avec un sourire : « A l’époque, on a d’ailleurs pensé faire une blague en offrant une paire de chaussures aux collaborateurs venant au travail à pied ! »

Frédéric, le directeur de PTV France, nous en dit plus sur les raisons qui l’ont poussé à mettre en place cette initiative : « Je me suis dit que la plupart des collaborateurs venaient déjà avec leur vélo personnel, alors pourquoi ne pas dégager une enveloppe pour financer l’achat de vélos. Un vélo coûte entre 400 et 500 euros, ce qui représente à peu près le coût d’un abonnement de transport public annuel. Je me suis dit que ce n’allait pas coûter des millions à l’entreprise et que cela allait être un formidable vecteur d’énergie positive ! »

Une fois l’idée lancée, le projet a été assez facile à orchestrer. Les fêtes de fin d’année approchant, le repas de Noël a été l’occasion de dévoiler la surprise aux salariés : aujourd’hui, pour ceux qui veulent, on va tous chez le marchand de vélo et vous pouvez choisir une monture pour l’utilisation professionnelle bien sûr, mais aussi à titre privé ! A l’époque, l’entreprise commande huit vélos. Comme l’explique Frédéric, trois vélos de cette première commande sont encore utilisés aujourd’hui, les autres ont dus être remplacés :  « Il y a eu de la casse et quelques vols. Mais ce sont des choses qui arrivent. Si je mets ma casquette de chef d’entreprise : c’est toujours plus rentable que de payer l’abonnement aux transports en commun. Tant que le turn-over des vélos reste supérieur à un an, je fais une affaire ! »

Le vélo de fonction en pratique

L’initiative fait l’unanimité chez les collaborateurs de PTV France. Nadine se souvient : « Tout le monde était ravi lorsque nous avons proposé l’idée ! » Elle ajoute : « Moi aussi, je dois dire que j’étais contente ! Au début, je prenais encore les transports en commun, mais je me suis dit que c’était l’occasion de passer au vélo. » Le succès est tel que la question du stationnement vélo finit par devenir problématique. Nadine explique : « Au début, on avait trois arceaux en bas de l’immeuble. Mais il a commencé à y avoir beaucoup de vélos ; d’autant plus, qu’il y a une boulangerie, une compagnie d’assurance, un serrurier et une fleuriste, donc pas mal de passage ! On a fait un petit plan qu’on a envoyé à l’Eurométropole de Strasbourg et, un mois après, ils nous ont rajouté des arceaux. Maintenant, on a assez de place. On pensait que ça prendrait des mois, mais au bout d’un mois, c’était fait ! »

Qu’en est-il des autres collaborateurs de PTV France ? Matthias et Michael ont accepté de se prêter au jeu de l’interview.

Matthias préfère nous prévenir : «  Moi, j’habite à 300 mètres du bureau, donc je ne suis pas le meilleur exemple ! J’utilise le vélo tous les jours, mais ce n’est pas pour parcourir des distances olympiques ! » Originaire de Stuttgart, Matthias est installé à Strasbourg depuis plus d’une dizaine d’années, une ville qu’il apprécie tout particulièrement pour sa culture du vélo : « Je suis très content du vélo à Strasbourg. Je crois que je ne pourrais plus vivre dans une ville où le vélo est un mode négligé ! Avoir une part modale aussi importante, cela facilite beaucoup de choses. » Il poursuit : «  J’ai pris l’habitude de venir au travail à vélo. J’ai longtemps amené ma fille à l’école en la mettant sur le porte-bagages : le gain de temps était plus élevé. Je prends le vélo parce que c’est plus rapide et c’est aussi pratique d’avoir un vélo à disposition si je veux faire une sortie à la pause de midi ou s’il y a un imprévu professionnel. » Pour Matthias, le principal intérêt du vélo de fonction est de pouvoir être couplé avec le train lors de ses déplacements professionnels : « Avant, j’allais à la gare en bus parce que je ne voulais pas laisser mon vélo personnel là-bas, de peur de me le faire voler. Maintenant que j’ai mon vélo professionnel, ce n’est pas la même chose ! Je le cadenasse bien et, pour l’instant, il n’a jamais été volé, ni vandalisé. Pour moi, c’est l’avantage essentiel. »

Michael, quant à lui, est originaire du nord de l’Allemagne et travaille depuis quatre ans chez PTV France. Féru de cyclisme, il fait partie des référents mécanique de l’équipe, une passion héritée de son père : « J’ai toujours fait beaucoup de vélo. J’ai acheté un cadre et des pièces et j’ai monté mon vélo moi-même. C’est quelque chose que mon père m’a transmis : cette fascination du vélo. Lui aussi a construit son vélo de A à Z ! » Il ajoute : «  Je ne suis pas un grand fan de marche : je trouve ça ennuyant. Je veux arriver quelque part et faire ce que je veux faire. J’essaie donc de prendre le mode de déplacement qui est le plus efficace. Et pour la ville, c’est vraiment le vélo ! La voiture, ça prend trop de temps, trop de place et je m’énerve facilement vis-à-vis des autres conducteurs. » Michaël a été très impressionné de découvrir que PTV France proposait des vélos de fonction : « Je ne savais pas que cela existait, mais je dois dire que c’est une très bonne idée ! J’ai déjà plusieurs vélos à la maison, mais j’étais bien content d’avoir mon vélo de fonction. Nous avons testé différents magasins de vélo ; j’ai pu choisir le modèle, en rentrant dans une certaine fourchette de prix, et j’ai pu le modifier en fonction de mes goûts. J’ai notamment choisi des freins hydrauliques, un peu plus forts, car j’ai longtemps tiré une remorque avec les enfants et j’aime pouvoir bien freiner. Je suis aussi le seul homme à avoir choisi un cadre mixte : je trouve que c’est beaucoup plus pratique. Je peux prêter mon vélo aux collègues quand ils en ont besoin et il m’arrive aussi de le prêter à ma belle-mère quand elle est là ! »

Un vecteur d’énergie positive pour promouvoir la ville des courtes distances

Frédéric, le directeur de PTV France, est lui-même un fervent adepte de la petite reine, sous toutes ses formes : « J’ai fait du vélo depuis tout petit. Avec ma première paye de stage à seize ans, je me suis acheté un beau vélo de course Peugeot. Je l’ai toujours d’ailleurs ! Je l’ai ressorti il y a deux ans, pour le côté vintage, et je m’en sers maintenant en été pour me déplacer en ville. » A Strasbourg, Frédéric effectue la plupart de ses déplacements à vélo. Il est aussi mordu de VTT qu’il pratique régulièrement le week-end dans les montagnes vosgiennes.

Pour Frédéric, le vélo de fonction est clairement un facteur de motivation : « Les collaborateurs sont fiers de leur vélo de fonction PTV ! C’est d’ailleurs un élément d’attractivité que nous mettons en avant lors du recrutement : après la période d’essai, les salariés ont droit à leur vélo. » Mais, la pratique du vélo va bien au delà du simple avantage en nature : « Promouvoir les modes alternatifs à l’automobile n’a pas seulement un impact sur les modes de transport, c’est toute une philosophie qu’on promeut par le vélo et qui va beaucoup plus loin que « je vais aller à vélo au travail ». On pose la question du logement, de la distance, et on promeut in fine la ville des courtes distances. A vélo, en ville, on peut facilement enchaîner les activités – aller au pressing, chez le cordonnier, passer faire quelques courses, etc. – ce qui relève de la contrainte lorsque l’on va en voiture en périphérie. Dans les grandes zones commerciales, les services sont aussi là, mais on s’y rend le samedi après-midi, on prend sa voiture et on se mange trois heures de Vendenheim… C’est affreux. Je pense que le vélo est aussi un vecteur d’énergie positive par rapport à cela.  »

Il poursuit : « C’est vrai que mon parcours franco-allemand et ma formation dans le domaine de la mobilité m’ont sensibilisé aux bienfaits du vélo. Mais si l’on prend la vision un peu cynique du chef d’entreprise qui pense en termes de rendement et de productivité, cela marche aussi ! C’est moins cher que l’abonnement de transport en commun, moins cher que des places de parking, moins cher que des véhicules de fonction.. Sans compter que c’est aussi bon pour la santé : même si les gens ne pédalent que 4 km tous les jours, c’est déjà ça ! Chez PTV France, on a très peu d’arrêts maladie. Après, c’est vrai que nos collaborateurs sont relativement jeunes, mais il y a clairement une décompression. Rentrer chez soi à vélo, ce n’est pas la même chose que de rentrer en voiture ou de s’entasser dans un tram ! »

Mais alors, pourquoi plus d’entreprises n’optent-elles pas pour le vélo de fonction ? Frédéric nous fait part de son analyse : « Certaines proposent des vélos de service qui sont mis à disposition des employés, mais ça n’a pas le même impact en termes de motivation des équipes. Je pense qu’il y a un frein lié à la valeur de l’investissement initial, même si ramené à un salarié et sur le long terme, c’est plus rentable. » Il conclut : « Si on aime le vélo et si on en a vu les bénéfices, la prise de décision sera plus facile. Par contre, si on prend la voiture tous les jours, qu’on râle parce qu’il y a des bouchons, des cyclistes qui grillent des feux etc., on aura clairement moins la propension à proposer un vélo de fonction à ses employés. Je pense qu’il faut y avoir goûté. »

Alors, qu’attendons-nous pour nous mettre en selle et faire partager l’idée du vélo de fonction ?

Merci à Nadine, Frédéric, Matthias et Michael pour leurs contributions !

Vielen Dank  und viel Spass beim Radfahren !

3 réflexions sur “ Et si le vélo devenait un avantage en nature ? ”

  • 21 mai 2018 à 11 h 09 min
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    Quel bel initiative, un plaisir de lire ça juste après être arrivé au boulot … à vélo

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  • 21 mai 2018 à 21 h 57 min
    Permalink

    Très belle initiative qui donne à réfléchir.
    Amis employeurs, prenez exemple sur PTV France !

    Réponse
  • 24 mai 2018 à 14 h 20 min
    Permalink

    C’est ça la mobilité heureuse !

    Réponse

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