Tous en selle avec les compétiteurs des HUS !

Afin de terminer le Challenge en beauté, l’équipe du CADR 67 est partie glaner quelques dernières idées véloptimistes auprès d’un quatrième compétiteur. Premier employeur du Bas-Rhin, les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg comptent près de 12.000 agents répartis sur différents sites, de Hautepierre au centre-ville de Strasbourg en passant par Schiltigheim et la Robertsau, avec des horaires de travail qui varient beaucoup en fonction des postes et des métiers. Autant dire que, côté mobilité, les challenges ne manquent pas… mais heureusement, les bonnes idées non plus ! Quelles stratégies pro-vélo sont mises en place par les HUS, lauréats du trophée du Pédalier d’Or de l’édition 2017 du Challenge ?

Inciter plutôt que contraindre : la base d’un Plan de Déplacement Entreprise réussi

Quelques coups de pédales suffisent pour rallier l’ancien Hôpital Civil de Strasbourg à partir du local du CADR 67 : remontez la rue d’Or, faufilez-vous sous la Tour-Porte et voici déjà l’entrée des bâtiments. Nous avons rendez-vous avec Noémie, directrice du site de l’Hôpital de Hautepierre et porteuse du Plan de Déplacement Entreprise des HUS.

Nous qui sommes venus à vélo n’avons pas eu de difficultés pour nous garer, mais le stationnement voiture constitue une problématique de taille sur les différentes sites des HUS. Comme nous l’explique Noémie, il s’agit du premier problème concret pour les agents qui viennent travailler : « Au regard d’autres structures comparables, les HUS ne sont pas si mal dotés que cela en termes de places de parking. Néanmoins, nous constatons des difficultés de stationnement partout, sur l’ensemble des sites. Mais qui dit place de stationnement, dit usage du véhicule individuel. Se pose alors la question de la citoyenneté, qui va dans le sens de la réflexion de la ville, c’est-à-dire limiter le nombre de de véhicules en circulation, la pollution, les risques d’accident du travail, etc. Il y a donc une démarche à deux niveaux : résoudre les problèmes de stationnement, tout en promouvant la santé publique sous toutes ses formes. »

Un problème d’autant plus épineux que le site de l’Hôpital de Hautepierre s’apprête à accueillir deux nouveaux bâtiments, faisant passer le nombre d’agents d’un peu plus de 4.000 à près de 5.000, ce qui présage des difficultés de stationnement supplémentaires. Selon Noémie, ce projet d’extension a été un déclic : « Plutôt que de construire de nouvelles places de parking, ce que nous n’avons de toute façon pas la possibilité de faire sur le plan foncier et qui ne serait pas conforme avec la politique de la ville, nous avons choisi de mettre toute notre énergie sur les mobilités alternatives. » C’est ainsi que les HUS ont adopté l’année dernière un nouveau Plan de Déplacement d’Entreprise, visant à promouvoir les modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Le principe est simple : plutôt que de contraindre les agents, en limitant par exemple l’accès aux places de stationnement, l’idée est de les inciter, dès que c’est possible, à utiliser un moyen de transport alternatif, afin de libérer des places de parking pour ceux qui n’ont pas d’autre choix que de venir en voiture.

Pour commencer, il était essentiel de faire un bilan de la situation. Une enquête a donc été menée en interne, en collaboration étroite avec les partenaires sociaux, afin de mieux connaître les profils et les besoins des différents agents en termes de mobilité. Au vu de la diversité des situations, il est apparu primordial de proposer un accompagnement personnalisé. Comme l’explique Noémie : « Il n’y a pas deux agents identiques ! Tout doit passer par l’adaptation aux situations individuelles des personnes, mais aussi l’accompagnement dans leur changement de pratiques. Ce n’est pas en faisant des notes de service ou de la communication sur l’intranet que l’on va faire changer les habitudes des gens. C’est en discutant avec eux, en essayant de comprendre leurs besoins, en présentant les outils qui existent… Cet échange individuel nous donne aussi des idées ! » Elle ajoute : « C’est ainsi que nous avons recruté une conseillère mobilité, chargée d’accompagner les agents sur l’ensemble des sites des HUS, d’échanger avec eux et de leur présenter les différentes solutions de mobilité proposées. Son rôle est aussi d’assurer une veille des actions développées dans d’autres établissements et de développer un réseau avec les associations, les transporteurs publics et les collectivités. »

Un faisceau d’actions pour contribuer à la promotion du vélo

L’incitation à la pratique du vélo fait partie intégrante du Plan de Déplacement Entreprise des HUS. Cela commence par des actions toutes simples : « Notre objectif est de pallier les petits freins du quotidien qui font que les gens n’osent pas passer le cap. Par exemple, s’assurer que tout le monde sache où se situent les douches pour pouvoir se changer, distribuer des plans cyclables de la ville avec les itinéraires sécurisés, fournir des capes de pluie, distribuer des tickets de transport pour ceux qui veulent rentrer en tram, sécuriser les parkings-vélos, etc. On fournit même des échantillons de gel douche pour ceux qui auraient sous-estimé l’impact de la température ! Nous essayons d’apporter des petites contributions pour faciliter la vie de ceux qui souhaitent s’engager dans ces démarches-là, pour leur donner un petit coup de pouce. Une fois que l’habitude est prise, il est rare que les gens reviennent en arrière. »

Un second panel d’actions concerne la sécurité : « Nous avons mené tout un travail en lien avec la sécurité routière – les règles ne sont pas toujours connues lorsque les gens se lancent. Et puis, pour ce qui est entretien des vélos, nous nous reposons sur le partenariat avec les associations, à l’instar du CADR 67, pour proposer régulièrement des contrôles techniques des vélos. Nous mettons également à disposition des pompes à vélo au niveau des parkings sur tous les sites. »

Rien de tel pour encourager la pratique du vélo que de faire preuve d’exemplarité ! Le directeur général des HUS est lui-même un grand adepte de vélo, qu’il utilise en toute saison. Comme le souligne Noémie, cela n’est pas sans importance : « Je crois que c’est fondamental de montrer l’exemple. Il y a pas mal de directeurs et de médecins qui se déplacent à vélo entre les sites. Il est primordial de sortir de cette notion de privilège associée à la voiture. »

La communication est bien évidemment un point clef et le Challenge est une véritable aubaine pour faire parler du vélo. Selon Noémie, celui-ci a clairement un effet incitatif : « Le vélo devient un sujet de discussion, voire de débats. Cela permet de valoriser les agents qui utilisent ce moyen de déplacement : on offre une collation, on organise un pique-nique, on fait des photos, un reportage… Après, vous dire que cela a un effet spectaculaire et que, pendant deux semaines, tout le monde vient à vélo, je pense que ce serait surestimer l’impact du Challenge ! » Elle poursuit : « D’une manière générale, les incitations aux alternatives au véhicule individuel reposent sur un faisceau d’actions. On n’aurait que le Challenge au Boulot à Vélo une fois par an et puis plus rien, je pense que ça n’aurait pas beaucoup de sens. Par contre, le fait que cela s’inscrive dans une démarche globale, annuelle, portée à tous les échelons des HUS, avec d’autres actions, là cela commence à être pertinent. De la même façon, cela a un sens d’inciter les gens à utiliser le vélo parce qu’on les incite aussi à prendre les transports en commun… Tout est lié. »

S’il est difficile de mesurer les effets du Challenge sur la pratique effective du vélo, celui-ci contribue à un changement de paradigme : « Peut-être que le Challenge n’incite pas 1.000 personnes à changer sur le moment, mais cela participe d’une inflexion générale. Les choses ne sont pas figées. Celui qui a une contrainte à un moment donné peut très bien ne plus l’avoir à un autre moment : un nouvel arrêt de bus, des travaux, les enfants qui grandissent, un déménagement… Il repensera alors au Challenge, aux documents mis en ligne, et aura peut-être envie de se mettre au vélo. Qui sait ? »

Et si vous deveniez ambassadeur vélo ?

Au cours de notre entretien, Noémie évoque un projet qui retient toute notre attention. L’idée est simple : mobiliser des agents, sur la base du volontariat, pour devenir des « ambassadeurs vélos » qui auront pour mission d’accompagner et de guider leurs collègues pour les aider à se familiariser avec les parcours cyclables. Ni une, ni deux, nous avons eu envie d’en apprendre un peu plus sur ces potentiels émissaires de la petite reine. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Louis, ingénieur hospitalier et chef de projet aux HUS. Il faut avouer qu’après avoir discuté avec lui, on n’avait qu’une envie : faire du vélo, du vélo et encore du vélo ! Bref, il semblerait que Louis ait tout d’un futur ambassadeur.

Il le reconnaît lui-même, le vélo a toujours été son dada : « Haut comme trois pommes, j’ai toujours traîné en vélo, partout. J’ai un peu lâché ça, le temps de mes études et au début de ma vie professionnelle, puis c’est revenu très vite comme loisir, avec de grosses sorties assez sportives à VTT. Il y a douze ans maintenant, j’ai fait la connaissance de Christian, un ami qui m’a fait découvrir le vélo de route, ce que l’on appelle le cyclotourisme ! L’idée, c’est d’enchaîner les kilomètres, avec des balades sur la journée qui peuvent aller jusqu’à 170 km. » A l’époque, Louis était certes un cycliste assidu, mais pas pour aller au boulot. Il lui a fallu quelques années pour envisager la petite reine comme moyen de locomotion au quotidien : « Le vélo était mon sport, mais je n’avais tout simplement pas pensé que je pouvais aussi l’utiliser pour aller au travail. J’ai fait le trajet en voiture depuis Lingolsheim pendant des années ! Il y a six ans, je me suis dit : ben tiens, pourquoi est-ce que je ne viendrais pas au boulot à vélo ? C’est en fait un autre copain, Pierre, qui m’a mis le pied au pédalier : il m’a montré comment venir au travail par des chemins de traverse, en évitant la route de Schirmeck et le long de l’autoroute. C’était extraordinaire ! » Louis poursuit : « Il y a quelque chose de particulier, c’est que ce copain n’est malheureusement plus là aujourd’hui, il est décédé. Par mémoire et aussi par plaisir, j’ai continué de faire le trajet à vélo. Cela fait six ans maintenant que je viens au boulot tous les jours à vélo, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. A côté de cela, je continue de faire des petites balades avec cet autre copain, Christian, mais à un niveau beaucoup plus réduit. J’ai été gravement accidenté il y a trois ans et le vélo, c’est aussi ce qui m’a relevé de quelque chose dont je pourrais ne plus être là aujourd’hui. Dans le vélo, il y a un extraordinaire plaisir de faire : c’est la liberté, la découverte, le plaisir de l’effort, la sensation de franchir des choses qui pouvaient sembler inatteignables ; c’est aussi de la détente, de la reconstruction. Pour moi, il y a beaucoup de choses dans le vélo. »

Louis, qui est ingénieur de métier, s’intéresse beaucoup à l’aspect technique de l’objet vélo : « Pour moi, il s’agit d’un objet extraordinaire, dans sa simplicité et sa technicité. J’y trouve une expression à la fois esthétique, technique, mais aussi la notion de performance. Les collègues ingénieurs ou les passionnés de vélo arrivent vraiment à fabriquer des choses remarquables : je suis toujours un peu émerveillé par l’évolution qui se fait au fil des décennies, dans simplement l’objet vélo. » Un objet technique, certes, mais ce n’est pas tout : « Pour moi, le vélo a changé une partie de ma vie professionnelle : c’est une manière pour moi de rentrer dans la journée de travail, et le soir, d’en sortir, qui n’a rien à voir avec la voiture. Bien sûr c’est la même direction, mais je me laisse un peu guider par là où j’ai envie d’aller, parfois je fais des détours, parfois je vais vite, parfois lentement, parfois je prends le temps de prendre en photo les cygnes, les hérons, les fleurs… S’arrêter pour regarder un écureuil qui monte à un arbre, c’est tout simplement impossible en voiture ! » Il ajoute : « Ce que je trouve aussi fantastique, et que je ne retrouve pas dans la voiture, c’est le côté sociable du vélo. Je rencontre des gens sur les pistes cyclables : on se côtoie autour de quelque chose que l’on partage et souvent cela finit en discussion. Il y a une communauté sur le trajet que l’on emprunte régulièrement. Dans la voiture, je n’ai jamais trouvé cela : c’est très difficile d’échanger avec les autres, si ce n’est pour s’engueuler… Cela existe aussi sur les pistes cyclables bien sûr, mais cela n’a rien à voir.»

Louis a envie de montrer aux autres qu’il est possible de s’y mettre : « Ce que j’aime faire, c’est stimuler des gens que je sens qui peuvent être intéressés, d’essayer de les emmener, de faire un ou deux trajets avec eux. J’ai moi-même eu cette petite chance avec mon ami Pierre, qui m’a montré le trajet la première fois. A l’époque, je n’avais tout simplement pas pensé que je pouvais me rendre au travail à vélo. Je suis persuadé qu’il y a énormément de gens qui sont dans ce cas-là. La voiture, c’est un peu automatique, c’est pour beaucoup le symbole du passage à l’âge adulte ; et on ne pense pas forcément à une chose beaucoup plus simple qui s’appelle le vélo. » Il enchaîne : « Ce que j’essaie aussi de faire dans mon entourage, c’est de retaper les vélos. Je me rends compte qu’il y a beaucoup de montures qui ne sont pas en très bon état : on se demande bien comment les gens font pour avancer avec ! En fait, c’est un énorme frein à la pratique du vélo. Pour moi, qui suis un puriste, le vélo doit être fiable et bien réglé. Si vous me mettez des pneus dégonflés, des freins qui frottent, la chaîne qui couine, je fais cinq bornes et je ne le reprends plus ! Quand on sent que cela marche bien, c’est plus facile. Cela contribue à ce que les personnes restent motivées et proches de ce moyen de déplacement. »

Alors forcément, l’idée de devenir ambassadeur-vélo fait peu à peu son chemin : « Dans le cadre de notre PDE, l’idée a commencé à émerger et je dois avouer que j’adorerais y participer ! Il y a quelques jours, nous avons organisé un trajet entre l’Hôpital Civil et l’Hôpital de Hautepierre pour montrer un chemin passant par la Montagne Verte. En ce moment, ce n’est pas évident de suivre le tram, avec les travaux route des Romains, j’ai donc choisi un itinéraire sympa, avec plus de vert ! Il y avait treize personnes, des gens qui étaient déjà un peu cyclistes. La direction de la communication avait fait le nécessaire pour qu’on ait un petit encas à l’arrivée, c’était royal ! L’idée serait de refaire le trajet pour que les gens le retiennent ou qu’ils en retiennent un autre. J’aimerais pouvoir continuer : quand je croise l’une ou l’autre personne, j’essaie de le proposer. Je me sens bien mettre de l’énergie dans ce projet des ambassadeurs vélos : si cela permet ne serait-ce qu’à un petit nombre de personnes de mettre le pied au pédalier, ce sera déjà pas mal ! »

Un ambassadeur-vélo, ne manquent plus que les Ferrero, et nous on dit bingo !

Merci à Noémie et Louis de s’être prêtés au jeu de l’interview !

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