Un C.E. véloptimiste ? C’est possible !

Un C.E. véloptimiste ? C’est possible !

Notre série de portraits spéciale « Au Boulot à Vélo » se poursuit avec de redoutables compétiteurs, bien difficiles à déloger des premières marches du podium. Depuis ces dernières années, le C.E. d’Alcatel-Lucent Enterprise Illkirch affiche un palmarès impressionnant : lauréat du 1er prix 2017, 2ème prix 2016 et 1er prix 2015 du Challenge Au Boulot à Vélo ! Soupçonnant une consommation illicite de potion magique, l’équipe du CADR 67 a voulu en savoir plus sur ces irréductibles de la petite reine. Existerait-il un déclic cycliste ? Rencontre avec l’équipe sur-motivée de la Commission Transport du C.E. d’Alcatel-Lucent Enterprise, qui a réussi le pari d’impulser une dynamique en faveur d’une mobilité plus durable et, bien sûr, du vélo !

Une Commission Transport : késako ?

C’est Agnès, la secrétaire du C.E., qui est à l’origine de la création de la Commission Transport, avec l’accord de l’entreprise. Elle se souvient : « Au départ, l’idée est venue tout simplement en discutant avec des gens ! Il y avait déjà des personnes qui avaient mis en place ce genre d’actions au sein du groupe. L’idée m’avait parue intéressante puis j’ai creusé un peu. A l’époque, j’ai même été en rapport avec des collègues aux États-Unis – à Dallas je crois. Ils étaient très branchés gadgets : ils m’avaient envoyé tout un carton avec des capes, un frisbee, etc. Ils organisaient aussi des petits-déjeuners et des actions de promotion. Cela fait plus de dix ans déjà ! Et, c’est comme ça que la Commission a vu le jour, en 2006, si je me souviens bien. »

Patrick, le président de la Commission Transport du C.E., nous explique le rôle de son équipe : « Nous sommes cinq personnes chargées de faire la promotion des déplacements doux au sein de l’entreprise, c’est-à-dire la marche, le vélo et les transports en commun. Il y a bien sûr Agnès, mais aussi Damien, François, Rodolphe et moi-même. On se partage le travail. Par exemple, pour le Challenge Au Boulot à Vélo, je ne fais rien : c’est Rodolphe qui est entièrement responsable. Damien a supervisé un achat groupé de casques pour les collègues cyclistes. François, lui, a fait les démarches pour acheter une trottinette électrique. »

Dernières actions en date : la Commission Transport s’est mobilisée pour assurer le maintien de la navette CTS reliant Illkirch à Lingolsheim. L’équipe a également initié une enquête transport auprès des collaborateurs, dans le cadre de la démarche Optimix, proposée par l’Eurométropole de Strasbourg. Le prochain axe de travail qui se dessine serait de comprendre les freins à la pratique du covoiturage et de trouver des remédiations. Agnès ne manque pas d’idées : « Il serait intéressant de créer un arrêt pour faire de l’autostop organisé, au niveau de Baggersee. Beaucoup de gens convergent à cet endroit, soit par l’autoroute, soit par le tram. Les automobilistes pourraient s’arrêter pour prendre les personnes qui arrivent avec les transports en commun, afin de rallier les derniers kilomètres jusqu’au bureau. Cela existe déjà dans la vallée de Munster par exemple ! Le concept s’appelle le transi-stop. » 

L’essayer, c’est l’adopter !

Voici l’une des stratégies de la Commission Transport : proposer des solutions de mobilité alternatives aux collaborateurs, pour que ceux-ci puissent se faire une idée et choisir ce qui correspond le mieux à leurs besoins.

Il y a quelques années, l’équipe a ainsi acheté un vélo électrique que les collègues pouvaient louer en semaine, mais aussi le week-end ou pendant les vacances, de l’ordre de 5 euros la journée avec des tarifs dégressifs. L’idée était de montrer aux personnes qui ne sont pas très sportives qu’elles peuvent aussi faire du vélo, sans trop d’efforts, y compris pour venir au travail. Le concept a séduit Michel, qui a acheté un vélo électrique après avoir testé le modèle proposé : «  J’habite à Souffelweyersheim, au nord de Strasbourg. Je suis venu deux ou trois fois en vélo standard, mais le problème, c’est que je devais emmener des affaires de rechange et je n’aime pas devoir prendre un sac en plus. Le vélo électrique a été la solution : quand j’arrive, je ne suis pas en nage ! »

Au bout de trois ou quatre ans, la Commission Transport a revendu le vélo et investi dans une trottinette électrique. Comme l’explique Patrick, celle-ci est destinée à un autre public : « Cette fois-ci, l’idée est de permettre aux collaborateurs de faire les quelques kilomètres qui les séparent du tram, pour éviter de devoir attendre le bus. La trottinette intéresse encore plus de gens que le vélo électrique. En sept mois, elle a parcouru 1.250 km : c’est plutôt pas mal, non ? » Il ajoute avec un sourire : « D’ailleurs, Michel a aussi acheté une trottinette électrique, suite à notre action ! Dès qu’on fait un truc, il l’achète ! » Le problème de Michel, c’est qu’il lui faut plus d’une heure de transport pour aller de chez lui au travail : « Je suis donc obligé de prendre deux  tickets de tram parce que je dépasse l’heure de correspondance ! Je n’ai pas non plus envie de prendre l’abonnement car je veux pouvoir acheter un ticket de bus ou de tram quand ça m’intéresse et quand j’en ai besoin. La trottinette est donc une bonne solution ! Je la prends pour aller jusqu’au relais Hoenheim-Gare, puis je monte dans le tram, et une fois arrivé je remonte le canal pour aller jusqu’au bureau. En plus, la trottinette est autorisée dans les transports, même aux heures de pointe : je la plie et je la mets sous mon siège, aucun contrôleur ne m’a jamais fait de remarque ! »

Un vélo pour tous, tous pour le Challenge !

La Commission Transport du C.E. est bien sûr mobilisée à l’occasion du Challenge Au Boulot à Vélo. Comme l’explique Rodolphe, la préparation débute en amont : « Avec l’arrivée des beaux jours, nous organisons un atelier de réparation pour remettre les vélos à niveau. Les collègues peuvent même venir avec les pièces détachées pour qu’on fasse les changements les plus conséquents. Nous avons déjà changé des patins de frein et un câble de dérailleur. Ça permet de donner le top, de rappeler aux collaborateurs que l’échéance approche. » Il poursuit : « Le premier jour du challenge, nous offrons le petit-déjeuner à ceux qui viennent à vélo. Ensuite, nous suivons de près les résultats pour voir si l’on est bons ou pas ! »

Patrick nous raconte le coude-à-coude avec l’équipe concurrente d’ARTE : « Nous avons toujours fini premiers, sauf lors de l’édition 2016, où ils nous ont battus. Il faut dire qu’il a fait particulièrement mauvais cette année-là ! Cela nous a pénalisés. Chez ARTE, les cyclistes sont surtout des urbains qui viennent tous les jours à vélo, bien équipés, avec des capes, etc. Chez nous, les cyclistes sont moins nombreux, mais nous faisons plus de kilomètres ; alors, forcément, quand il pleut, les gens sont moins enclins à prendre leur vélo… L’année dernière, le nombre de salariés a diminué ce qui fait que nous sommes passés dans la catégorie des entreprises de moins de 500 salariés. Là, on a explosé le deuxième ! »

L’an passé, l’équipe peut en effet se targuer d’avoir aligné 10.381 km à vélo (soit l’équivalent de la distance Paris-Singapour !). Patrick souligne l’implication des collaborateurs : « Nous sommes actuellement 420 personnes sur le site et 116 cyclistes ont participé au Challenge. C’est un bon quart ! En plein été, lorsqu’il fait beau, il doit bien y avoir 80 montures continuellement présentes dans le parking à vélos. » Rodolphe ajoute : « Chez nous, il y a une quinzaine de gros rouleurs qui font dans les 20 km matins et soirs. Il y a même un collègue qui vient d’Oberhaslach, dans la vallée de la Bruche, à 40 km d’ici. C’est une personne qui fait le trajet deux fois par semaine, alternant deux jours en télétravail et deux jours au bureau. Et sans assistance électrique ! »

116 cyclistes et 53 nuances de vélo

S’ils ont tous en commun la pratique du vélo, nos rouleurs ont chacun leur histoire et une raison qui les a poussé à mettre le pied au pédalier.

Il y a tout d’abord les cyclistes devant l’éternel, ceux qui sont tombés dedans… et vous connaissez la suite ! C’est notamment le cas de Patrick, qui raconte avoir pris le vélo pour se rendre au travail dès son emménagement à Illkirch en 2001. Patrick est un cycliste urbain, tenace et régulier, mais sur de petites distances : « Moi je viens pratiquement tous les jours à vélo, mais il faut dire que j’habite juste à côté. Le trajet de chez moi au travail fait 3,5 km. De mon quartier, j’ai un accès direct à la piste cyclable qui donne sur le canal Rhône-Rhin, ce qui fait que je ne traverse aucune route, aucun carrefour. J’ai beaucoup de chance ! »

Il y a ceux pour qui la pratique du vélo s’est installée de manière progressive, jusqu’à ne plus pouvoir s’en passer. Rodolphe en fait partie : « Je viens régulièrement au travail à vélo, depuis chez moi à Obernai. Cela fait 23 km. Je viens presque tous les jours sauf le mardi qui est mon jour de télétravail. J’ai profité de cette opportunité pour alléger un peu la charge. Tous les jours, ça fait quand même beaucoup… Je pourrais venir en voiture, mais franchement j’aime tellement venir à vélo ! » Pour lui, tout a commencé lorsque son petit dernier n’est plus allé à la crèche et qu’il n’a plus eu besoin de l’emmener le matin : « Au début, je venais seulement le mercredi à vélo pendant la période estivale, c’était il y a dix ou quinze ans. Après, il a fallu négocier avec mon épouse : mine de rien, cela prend quand même plus de temps qu’avec la voiture ! Au début, je prenais le vélo deux fois par semaine, puis trois, puis quatre,… jusqu’à ne faire plus que cela ! » 

Il y a ceux, à l’instar de Damien, qui ont pris exemple sur les collègues : « Je dirais que c’est Rodolphe qui m’a convaincu de venir au travail à vélo ! Je viens de Kolbsheim à l’ouest de Strasbourg. J’avais essayé l’option transports en commun, mais c’était vraiment trop long. A un moment donné, je faisais du covoiturage. Et puis, j’ai commencé à venir à vélo, voyant l’exemple de Rodolphe et les actions autour du challenge. L’évènement a incité beaucoup de monde à se mettre au vélo : il y a eu une véritable émulation entre collègues et entre services ! Je pense que le Challenge a joué le rôle de catalyseur. » Damien n’est certes pas devenu un cycliste aussi assidu que Rodolphe – le trajet depuis Kolbsheim fait tout de même une vingtaine de kilomètres – mais il prend régulièrement le vélo pour venir au travail avec le retour des beau jours : « Grâce au boulot, j’ai redécouvert le vélo en semaine ! »

Et il y a ceux, comme Michel, qui ont été convaincus par les actions de la Commission Transport et se sont peu à peu pris au jeu : « C’est vrai qu’à chaque fois, ils m’ont donné envie de raccrocher le wagon ! Pour moi, faire du vélo doit rester un plaisir ! Je ne viens que lorsqu’il fait beau et que les condition s’y prêtent. Et bien sûr, à l’occasion du Challenge ! »

Tous s’accordent en tout cas sur un point : le vélo est un vrai bol d’air qui leur permet de laisser le boulot… au boulot ! Et si le déclic cycliste venait tout simplement avec la pratique ?

Un grand merci à Rodolphe, Patrick, Agnès, Michel et Damien pour avoir répondu à nos questions ! … Et toutes nos salutations à François, le dernier membre de la Commission Transport, que nous n’avons pas (encore) eu l’occasion de rencontrer.

Et si le vélo devenait un avantage en nature ?

Et si le vélo devenait un avantage en nature ?

Faites rutiler vos pédaliers, accordez vos sonnettes et motivez vos collègues pour se mettre en selle : la 9ème édition du Challenge Au Boulot à Vélo approche à grands pas ! Pour l’occasion, l’équipe du CADR 67 est allée enquêter auprès de quelques compétiteurs hors pair de l’an passé. Potion magique ? Vélos à réaction ? Bicyclettes tunées ? Quels sont les secrets de ces pros du boulot à vélo ?

Notre série de portraits commence avec l’entreprise PTV France, lauréate du trophée du Pédalier d’Or 2017. Ce bureau d’études, situé dans le centre de Strasbourg, à deux pas de la place de la République, est spécialisé dans la planification des transports et la modélisation du trafic. Question mobilité, on peut dire qu’ils en connaissent un rayon ! L’entreprise compte une petite dizaine de collaborateurs, qui habitent pour la plupart à Strasbourg et utilisent le vélo quotidiennement pour se rendre au travail ou en réunion. Si cette proximité domicile-travail est un plus indéniable pour les employés, elle ne leur permet malheureusement pas de comptabiliser un grand nombre de kilomètres parcourus à l’issue du challenge. Mais la clef du succès est ailleurs… Depuis 2009, les employés de PTV France bénéficient d’un avantage en nature inédit : le vélo de fonction. Retour sur une initiative pleine de sens et résolument véloptimiste !

Une idée qui a fait son chemin…

Si PTV France peut désormais se targuer de posséder le trophée tant convoité du Pédalier d’Or, c’est grâce au coup d’œil avisé de Nadine, assistante ventes et marketing, qui a découvert le Challenge au Boulot à Vélo en surfant sur internet : « Comme nous allions tous déjà au boulot à vélo, je me suis dit qu’on devait s’inscrire ! En allant sur le site, j’ai vu qu’ils avaient lancé le trophée du Pédalier d’Or en 2017 pour récompenser la meilleure initiative. Comme je ne n’avais jamais entendu parler d’une autre entreprise qui propose des vélos de fonction, je me suis dit que nous devrions tenter notre chance… » Et Nadine avait vu juste !

La jeune femme explique que tout a commencé en 2009, lorsqu’une loi contraint les entreprises à prendre en charge 50% des frais d’abonnement de transports en communs de leurs salariés. Nadine se souvient : « C’est notre gérant Frédéric qui a eu l’idée du vélo de fonction ! Il souhaitait que les gens qui ne prennent pas les transports en commun puissent aussi bénéficier d’une compensation de la part de l’entreprise, et aussi faire changer les mentalités pour inciter plus de personnes à prendre le vélo. » Elle ajoute avec un sourire : « A l’époque, on a d’ailleurs pensé faire une blague en offrant une paire de chaussures aux collaborateurs venant au travail à pied ! »

Frédéric, le directeur de PTV France, nous en dit plus sur les raisons qui l’ont poussé à mettre en place cette initiative : « Je me suis dit que la plupart des collaborateurs venaient déjà avec leur vélo personnel, alors pourquoi ne pas dégager une enveloppe pour financer l’achat de vélos. Un vélo coûte entre 400 et 500 euros, ce qui représente à peu près le coût d’un abonnement de transport public annuel. Je me suis dit que ce n’allait pas coûter des millions à l’entreprise et que cela allait être un formidable vecteur d’énergie positive ! »

Une fois l’idée lancée, le projet a été assez facile à orchestrer. Les fêtes de fin d’année approchant, le repas de Noël a été l’occasion de dévoiler la surprise aux salariés : aujourd’hui, pour ceux qui veulent, on va tous chez le marchand de vélo et vous pouvez choisir une monture pour l’utilisation professionnelle bien sûr, mais aussi à titre privé ! A l’époque, l’entreprise commande huit vélos. Comme l’explique Frédéric, trois vélos de cette première commande sont encore utilisés aujourd’hui, les autres ont dus être remplacés :  « Il y a eu de la casse et quelques vols. Mais ce sont des choses qui arrivent. Si je mets ma casquette de chef d’entreprise : c’est toujours plus rentable que de payer l’abonnement aux transports en commun. Tant que le turn-over des vélos reste supérieur à un an, je fais une affaire ! »

Le vélo de fonction en pratique

L’initiative fait l’unanimité chez les collaborateurs de PTV France. Nadine se souvient : « Tout le monde était ravi lorsque nous avons proposé l’idée ! » Elle ajoute : « Moi aussi, je dois dire que j’étais contente ! Au début, je prenais encore les transports en commun, mais je me suis dit que c’était l’occasion de passer au vélo. » Le succès est tel que la question du stationnement vélo finit par devenir problématique. Nadine explique : « Au début, on avait trois arceaux en bas de l’immeuble. Mais il a commencé à y avoir beaucoup de vélos ; d’autant plus, qu’il y a une boulangerie, une compagnie d’assurance, un serrurier et une fleuriste, donc pas mal de passage ! On a fait un petit plan qu’on a envoyé à l’Eurométropole de Strasbourg et, un mois après, ils nous ont rajouté des arceaux. Maintenant, on a assez de place. On pensait que ça prendrait des mois, mais au bout d’un mois, c’était fait ! »

Qu’en est-il des autres collaborateurs de PTV France ? Matthias et Michael ont accepté de se prêter au jeu de l’interview.

Matthias préfère nous prévenir : «  Moi, j’habite à 300 mètres du bureau, donc je ne suis pas le meilleur exemple ! J’utilise le vélo tous les jours, mais ce n’est pas pour parcourir des distances olympiques ! » Originaire de Stuttgart, Matthias est installé à Strasbourg depuis plus d’une dizaine d’années, une ville qu’il apprécie tout particulièrement pour sa culture du vélo : « Je suis très content du vélo à Strasbourg. Je crois que je ne pourrais plus vivre dans une ville où le vélo est un mode négligé ! Avoir une part modale aussi importante, cela facilite beaucoup de choses. » Il poursuit : «  J’ai pris l’habitude de venir au travail à vélo. J’ai longtemps amené ma fille à l’école en la mettant sur le porte-bagages : le gain de temps était plus élevé. Je prends le vélo parce que c’est plus rapide et c’est aussi pratique d’avoir un vélo à disposition si je veux faire une sortie à la pause de midi ou s’il y a un imprévu professionnel. » Pour Matthias, le principal intérêt du vélo de fonction est de pouvoir être couplé avec le train lors de ses déplacements professionnels : « Avant, j’allais à la gare en bus parce que je ne voulais pas laisser mon vélo personnel là-bas, de peur de me le faire voler. Maintenant que j’ai mon vélo professionnel, ce n’est pas la même chose ! Je le cadenasse bien et, pour l’instant, il n’a jamais été volé, ni vandalisé. Pour moi, c’est l’avantage essentiel. »

Michael, quant à lui, est originaire du nord de l’Allemagne et travaille depuis quatre ans chez PTV France. Féru de cyclisme, il fait partie des référents mécanique de l’équipe, une passion héritée de son père : « J’ai toujours fait beaucoup de vélo. J’ai acheté un cadre et des pièces et j’ai monté mon vélo moi-même. C’est quelque chose que mon père m’a transmis : cette fascination du vélo. Lui aussi a construit son vélo de A à Z ! » Il ajoute : «  Je ne suis pas un grand fan de marche : je trouve ça ennuyant. Je veux arriver quelque part et faire ce que je veux faire. J’essaie donc de prendre le mode de déplacement qui est le plus efficace. Et pour la ville, c’est vraiment le vélo ! La voiture, ça prend trop de temps, trop de place et je m’énerve facilement vis-à-vis des autres conducteurs. » Michaël a été très impressionné de découvrir que PTV France proposait des vélos de fonction : « Je ne savais pas que cela existait, mais je dois dire que c’est une très bonne idée ! J’ai déjà plusieurs vélos à la maison, mais j’étais bien content d’avoir mon vélo de fonction. Nous avons testé différents magasins de vélo ; j’ai pu choisir le modèle, en rentrant dans une certaine fourchette de prix, et j’ai pu le modifier en fonction de mes goûts. J’ai notamment choisi des freins hydrauliques, un peu plus forts, car j’ai longtemps tiré une remorque avec les enfants et j’aime pouvoir bien freiner. Je suis aussi le seul homme à avoir choisi un cadre mixte : je trouve que c’est beaucoup plus pratique. Je peux prêter mon vélo aux collègues quand ils en ont besoin et il m’arrive aussi de le prêter à ma belle-mère quand elle est là ! »

Un vecteur d’énergie positive pour promouvoir la ville des courtes distances

Frédéric, le directeur de PTV France, est lui-même un fervent adepte de la petite reine, sous toutes ses formes : « J’ai fait du vélo depuis tout petit. Avec ma première paye de stage à seize ans, je me suis acheté un beau vélo de course Peugeot. Je l’ai toujours d’ailleurs ! Je l’ai ressorti il y a deux ans, pour le côté vintage, et je m’en sers maintenant en été pour me déplacer en ville. » A Strasbourg, Frédéric effectue la plupart de ses déplacements à vélo. Il est aussi mordu de VTT qu’il pratique régulièrement le week-end dans les montagnes vosgiennes.

Pour Frédéric, le vélo de fonction est clairement un facteur de motivation : « Les collaborateurs sont fiers de leur vélo de fonction PTV ! C’est d’ailleurs un élément d’attractivité que nous mettons en avant lors du recrutement : après la période d’essai, les salariés ont droit à leur vélo. » Mais, la pratique du vélo va bien au delà du simple avantage en nature : « Promouvoir les modes alternatifs à l’automobile n’a pas seulement un impact sur les modes de transport, c’est toute une philosophie qu’on promeut par le vélo et qui va beaucoup plus loin que « je vais aller à vélo au travail ». On pose la question du logement, de la distance, et on promeut in fine la ville des courtes distances. A vélo, en ville, on peut facilement enchaîner les activités – aller au pressing, chez le cordonnier, passer faire quelques courses, etc. – ce qui relève de la contrainte lorsque l’on va en voiture en périphérie. Dans les grandes zones commerciales, les services sont aussi là, mais on s’y rend le samedi après-midi, on prend sa voiture et on se mange trois heures de Vendenheim… C’est affreux. Je pense que le vélo est aussi un vecteur d’énergie positive par rapport à cela.  »

Il poursuit : « C’est vrai que mon parcours franco-allemand et ma formation dans le domaine de la mobilité m’ont sensibilisé aux bienfaits du vélo. Mais si l’on prend la vision un peu cynique du chef d’entreprise qui pense en termes de rendement et de productivité, cela marche aussi ! C’est moins cher que l’abonnement de transport en commun, moins cher que des places de parking, moins cher que des véhicules de fonction.. Sans compter que c’est aussi bon pour la santé : même si les gens ne pédalent que 4 km tous les jours, c’est déjà ça ! Chez PTV France, on a très peu d’arrêts maladie. Après, c’est vrai que nos collaborateurs sont relativement jeunes, mais il y a clairement une décompression. Rentrer chez soi à vélo, ce n’est pas la même chose que de rentrer en voiture ou de s’entasser dans un tram ! »

Mais alors, pourquoi plus d’entreprises n’optent-elles pas pour le vélo de fonction ? Frédéric nous fait part de son analyse : « Certaines proposent des vélos de service qui sont mis à disposition des employés, mais ça n’a pas le même impact en termes de motivation des équipes. Je pense qu’il y a un frein lié à la valeur de l’investissement initial, même si ramené à un salarié et sur le long terme, c’est plus rentable. » Il conclut : « Si on aime le vélo et si on en a vu les bénéfices, la prise de décision sera plus facile. Par contre, si on prend la voiture tous les jours, qu’on râle parce qu’il y a des bouchons, des cyclistes qui grillent des feux etc., on aura clairement moins la propension à proposer un vélo de fonction à ses employés. Je pense qu’il faut y avoir goûté. »

Alors, qu’attendons-nous pour nous mettre en selle et faire partager l’idée du vélo de fonction ?

Merci à Nadine, Frédéric, Matthias et Michael pour leurs contributions !

Vielen Dank  und viel Spass beim Radfahren !

Le Japon ? Takayalé en vélo !

Le Japon ? Takayalé en vélo !

C’est un peu par hasard, lors d’un passage au local du CADR 67, que j’apprends que Vincent, l’un de nos moniteurs vélo-école, s’apprête à partir un mois pour le Japon. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir, qu’en plus d’être un incollable des charades à tiroirs, Vincent est un amoureux du pays du soleil levant, qu’il s’y rend régulièrement et en connaît un rayon sur les pratiques du vélo en territoire nippon. Ni une, ni deux, je saute sur l’occasion pour lui demander de mener une petite enquête de terrain.

L’équipe du CADR 67 est ainsi fière de vous présenter son troisième article de la série « Le vélo à travers le monde », qui n’aurait pas pu voir le jour sans la contribution de Vincent – qui a non seulement accepté de faire du zèle pendant ses vacances, mais aussi de rechercher des photos de vélos dans ses archives, ce qui n’était pas une mince affaire au vu du nombre de clichés ! Attention, cet article risque de vous donner des envies de vélo, de voyage mais aussi de gastronomie japonaise. Pour les bonnes adresses de sushis à Strasbourg, merci de contacter Vincent.

Révélation Japon

Mais d’où vient cette passion pour le Japon ? Contrairement aux jeunes générations qui découvrent la culture nippone par les mangas, la porte d’entrée pour Vincent a été le septième art. Adolescent, il raffole des films japonais de réalisateurs comme Kurosawa, Ozu ou encore Oshima. Il se souvient : « L’Asie est une contrée qui m’a toujours fasciné. Je rêvais de voyager mais je n’arrivais pas à franchir le cap… » C’est finalement en 2015 que Vincent se rend pour la première fois au pays du soleil levant : « Ma copine devait se rendre au Japon pour son travail et je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais ! Ça a été une révélation. J’y suis retourné la même année et, depuis, j’en suis à mon septième voyage en trois ans. »

Si ses premiers séjours ont été l’occasion de faire les incontournables touristiques, les voyages de Vincent sont désormais rythmés par les balades, les rencontres et les découvertes gastronomiques. Loin d’être un stakhanoviste de la visite, Vincent laisse pas mal de place à l’improvisation : « Quand je vais là-bas, je prends mon Japan Rail Pass qui me permet de me déplacer en train dans tout le pays. Je me balade à pied ou à vélo et puis, en fonction de mon temps ou des rencontres, je fais telle ou telle chose. C’est vrai que parfois, je loupe des trucs qui sont dans les guides. Mais moi, je veux voir autre chose. »

Vincent me montre les photos des amis qu’il a rencontrés au Japon et avec lesquels il garde contact via les réseaux sociaux. Il m’explique que c’est très souvent dans les Izakaya qu’il a tissé des liens avec les locaux. Izaka-quoi ? Vincent s’empresse de tout m’expliquer « Les Izakaya sont des tavernes japonaises, un peu dans le genre bar à tapas. Il n’y a pas vraiment d’équivalent en France. C’est un endroit où les Japonais se rendent le midi pour manger rapidement ou encore le soir, après le travail, pour décompresser avec les collègues, prendre une bière ou manger du poisson grillé. » Il poursuit : « Les Japonais sont de nature curieuse et quand tu voyages seul, les gens vont vers toi. Ils sont toujours très intrigués de me voir dans ces endroits-là. Il faut dire que ce ne sont pas des endroits à touristes ! Parfois, quand tu ouvres la porte, tu te demandes ce que c’est… Il y a même des endroits où je me suis fait refuser ! »

Dans la ville de Sendai, par exemple, Vincent a sympathisé avec Shoko, la gérante d’un Izakaya : « Elle a passé un temps fou avec moi pour m’expliquer ce que j’allais manger, comment je devais le manger, avec quel saké je devais l’accompagner… Je n’avais rien demandé ! Elle ne parlait pas très bien anglais, mais en s’aidant de son téléphone et de Google, on arrivait à communiquer. Depuis, je fais systématiquement un détour par ce restaurant. » Les rencontres de Vincent sont parfois inattendues : « Dans le nord du Japon, j’ai séjourné dans un ryokan, une auberge traditionnelle japonaise, du genre vieille bâtisse en bois avec futon et tatami. Le propriétaire était issu d’une famille de samouraïs et savait parler français parce qu’il avait fait un travail universitaire sur Roland Barthes. Moi, j’avais lu quelques textes, La Mythologie, L’Empire des Signes, ce qui fait qu’il était aux anges ! Il m’a prêté des vélos, m’a présenté un ami à lui qui faisait du VTT dans la région et m’a amené dans les montagnes, pour me faire découvrir les onsens, les bains chauds traditionnels japonais. »

N’hésitez pas à passer faire un petit tour au CADR 67 pour en apprendre plus sur les anecdotes de Vincent. Pour l’heure, revenons à nos moutons – ou plutôt, nos vélos !

Des pratiques cyclables bien ancrées dans les mœurs japonaises

C’est en discutant avec des Japonais, en observant leurs habitudes et en lisant des articles sur internet que Vincent a étayé sa connaissance de la pratique du vélo au Japon. Il m’explique : « Au Japon, le vélo a fait son apparition dans les années 1920, presque 30 ans après son arrivée en Europe. Les Japonais s’en sont emparés tout de suite. L’utilisation du vélo a connu un regain d’intérêt entre 1975 et 1985, alors qu’à la même période, on ne faisait plus de vélo en Europe. » La popularité du vélo s’explique par l’extrême densité de population dans les grandes villes, nécessitant d’optimiser l’espace urbain. Le coût de la mobilité automobile est aussi dissuasif : « Le stationnement automobile est interdit sur la route et la location d’une place de parking coûte l’équivalent de 100 à 300 euros par mois. Si tu n’as pas de parking privé avec ton logement, cela représente une sacrée somme ! Les taxes automobiles sont aussi très chères. Les Japonais préfèrent avoir une voiture qui ne consomme pas trop et qui ne prend pas trop de place. On voit beaucoup de ces voitures très compactes, comme des petits cubes, avec des portes coulissantes et un moteur de 600 cm3. Elles sont moches, mais bien pratiques ! »

Comme l’explique Vincent, le vélo occupe une place à part entière au Japon : « Quand je me suis baladé dans les villes, j’ai croisé énormément de gens qui faisaient du vélo. Des personnes de tous âges : les écoliers, comme les personnes âgées. » En bon moniteur vélo-école qui se respecte, Vincent n’a pas pu s’empêcher de constater quelques défauts d’entretien : « Je ne sais pas pourquoi, mais les selles des vélos sont toujours trop basses et les pneus toujours sous-gonflés ! J’ai souvent trouvé que les vélos n’étaient pas très bien entretenus, mais cela correspond assez bien à la culture japonaise. C’est pareil avec les maisons. Ils laissent les choses se dégrader lentement et, à un moment donné, ils rasent tout et reconstruisent. Je pense que c’est lié aux phénomènes sismiques : les Japonais ne vont pas s’embêter à entretenir un immeuble qui a trente ou quarante ans alors que les normes ont déjà évoluées entre temps. Ils préfèrent raser le tout et reconstruire aux nouvelles normes. »

Vélos cargos et vélos vintages

Force est de constater que les vélos utilisés au Japon sont assez différents des vélos que l’on trouve en France. Les vélos hauts de gamme type Shimano se font plutôt rares. La mode en ce moment est au cadre de vélo de course, avec une selle et un guidon très hauts, et des roues d’un petit diamètre. Vincent évoque les superbes vélos pour transporter les enfants : « Ce sont des vélos assez bas, avec de petites roues et un cadre allongé. Il y a une espèce de siège enfant à l’avant, une sorte de coque rigide, et un autre à l’arrière. Il peut aussi y avoir des paniers supplémentaires sur le côté pour mettre les courses. Ce sont des vélos basiques, avec des freins ordinaires, mais équipés d’un petit moteur électrique. »

Vincent me montre également plusieurs vélos cargos, reconnaissables à la marque du petit chat jaune et noir, très populaires au Japon : « Il faut savoir que les Japonais ne voyagent jamais avec leurs valises. Ils les déposent chez ce type de transporteur et elles arrivent à destination soit avant eux, ou alors juste après. Le vélo-cargo est utilisé pour rallier le dernier kilomètre. »

Les vélos vintages sont aussi très prisés au Japon, comme en témoignent plusieurs revues que me montrent Vincent : « Ça, c’est mon spécialiste de Roland Barthes qui me les a offertes ! Il est fan de vélos vintages. Ce sont des revues dédiées qui montrent des répliquas de vélos, expliquent où trouver les pièces, où se procurer des accessoires Brooks, des vieux freins Mafac, ce genre de choses. Les pièces françaises sont très prisées ! Il y a un véritable marché d’occasion de luxe. J’irais chez Vélo Station ou Bretz’selle récupérer les vieux freins, je les polirais avec une machine et j’irais là-bas, je me ferais de l’argent ! »

Explorer le Japon à bicyclette

Même à l’autre bout du monde, Vincent trouve toujours le moyen de faire du vélo : « Il m’est arrivé d’en louer ou alors qu’on m’en prête. Quand j’étais dans l’Izakaya de Shoko, je lui ai demandé comment faire du vélo à Sendai. Il y avait un système de location de vélos, mais je ne savais pas trop comment l’utiliser. J’ai demandé à Shoko qu’elle m’explique et, là elle me dit, en désignant l’un des serveurs, « Mais lui, il a un vélo ! Il va te le prêter ! ». Le pauvre, il n’a pas eu son mot à dire ! Finalement, on s’est bien débrouillé : je lui ramenais le vélo quand il en avait besoin et je le reprenais dans la journée à tel ou tel endroit. » Vincent ajoute : « Une autre fois, j’ai passé une semaine dans un onsen et ils m’ont prêté un vélo électrique pour que je puisse me déplacer dans la vallée. Je suis arrivé dans un bar-restaurant et j’ai demandé une bière, mais la patronne a refusé de me servir parce qu’elle m’avait vu arriver à vélo ! Et moi, je ne comprenais pas pourquoi… Au Japon, on ne rigole pas avec la conduite en état d’ivresse ! »

Vincent n’a pas encore eu l’occasion de faire du vélo à Tokyo mais des amis à lui sont des cyclistes réguliers : « Lors de mon dernier repas à Tokyo, toutes les personnes présentes utilisaient le vélo pour se rendre au travail. Une des filles s’est d’ailleurs bien faite chambrer parce qu’elle mettait une heure pour se rendre à son travail, alors qu’elle n’habitait pas si loin de là. En fait, elle faisait plein de détours pour éviter les voitures. »

Au niveau des infrastructures cyclables, Vincent raconte avoir croisé tous les cas de figure : « Il y a des endroits avec des pistes cyclables aménagées sur la route. Comme on roule à gauche au Japon, c’est parfois un peu déroutant ! Une fois, je me suis fait alpaguer par un policier alors que j’étais à vélo au niveau d’une carrefour que les piétons et les vélos ne peuvent traverser qu’en empruntant des passerelles aériennes, accessibles à partir de rampes ou d’ascenseurs. Je suis arrivé sur la route et je ne comprenais pas comment faire pour traverser. Je me suis retrouvé au milieu du carrefour et le policier qui se trouvait là m’a klaxonné. Je me suis confondu en excuses… Il ne m’a pas mis de prune, heureusement ! »

Vincent poursuit : « Il y a aussi beaucoup de trottoirs mixtes, avec un emplacement réservé aux vélos et un autre réservé aux piétons. Et là, les cyclistes ne sont pas contents quand on marche sur leur piste réservé, ils n’hésitent pas à klaxonner. »

Si Vincent trouve que les Japonais sont plutôt respectueux des vélos, il constatent que beaucoup de cyclistes n’hésitent pas à enfreindre les règles : « Quand il n’y a pas d’aménagement sur la route, les cyclistes n’hésitent pas à rouler sur les trottoirs, alors qu’en théorie c’est interdit. C’est plutôt étonnant parce que d’habitude les Japonais respectent les règles, mais là pour les vélos, les gens font un peu ce qu’ils veulent. C’est la même chose dans les galeries marchandes : ce sont des rues commerçantes ouvertes, très longues, où il est plus ou moins interdit de rouler à vélo, mais dans lesquelles les gens passent avec leur vélo en roulant doucement. Il y a une sorte de savoir-vivre, d’entente cordiale entre les piétons et les cyclistes. Le piéton ne va pas revendiquer sa place absolument, le cycliste non plus, ils se toisent un peu et puis ça passe. Ce n’est pas comme à Strasbourg… »

Le Japon, champion du parking-vélos

A l’instar de la voiture, le vélo n’a pas sa place sur l’espace public au Japon. Et gare à ceux qui tenteraient de transgresser les règles : « Comme les Japonais n’ont pas une retraite très élevée, de nombreux retraités continuent de travailler. Ils s’occupent de faire circuler les piétons quand il y a des travaux, font traverser les enfants et surveillent aussi le stationnement sur les trottoirs. Dès qu’il y a des vélos garés dans un endroit interdit, une armada de retraités arrive, prend des notes et met un papier sur le vélo indiquant que si son propriétaire ne l’a pas retiré d’ici une heure par exemple, eh bien le vélo sera enlevé. Et quand ils emmènent les vélos, ils ne font pas dans la dentelle ! »

Très tôt, dès les années 1975-1985, les Japonais ont commencé à construire des parkings à vélos. Vincent a été impressionné par leur nombre et leur diversité : « Il est possible de garer son vélo en surface dans des dispositifs dédiés : un petit anneau vient bloquer la roue du vélo – l’antivol est en quelque sorte intégré à l’infrastructure. Cela coûte autour de 100 yens la journée (soit l’équivalent de 80 centimes d’euros). Sur les avenues des grandes villes, on trouve aussi des sortes de bouches de métro qui mènent en fait à des parkings souterrains surveillés. Ce sont des parkings bien plus grands que celui qu’il y a sous la gare à Strasbourg : on fait tout un foin autour de nos 750 places, mais là-bas, c’est monstrueux ! Maintenant, il y a aussi des automates : tu paies, il y a comme une porte d’ascenseur qui s’ouvre, tu mets la roue avant de ton vélo sur une glissière, tu t’éloignes de la zone et puis, pouf, le vélo est embarqué ! Il descend dans une sorte de silo souterrain, dans un endroit auquel l’homme ne peut même pas accéder. Tu peux quasiment laisser ton sac-à-main dans le panier du vélo ! Je trouve ça très ludique ! »

  

Et qu’en est-il des vols de vélos au Japon ? « Il y a très souvent un vélo devant les maisons et il est à peine attaché. A Sendai, je logeais dans un Airbnb et le propriétaire avait un beau vélo de course en carbone qu’il laissait sur la coursive devant son appartement. Le vélo était attaché avec un antivol ridicule, le genre de truc que tu mets pour protéger ta selle ! » Vincent poursuit : « Maintenant, je sais qu’il y a plus de vols de vélos, à Tokyo notamment. A la télévision, j’ai vu une émission où les journalistes étaient au plus près de la police pour démanteler des réseaux. Ils étaient installés dans une camionnette avec des caméras, à observer un leurre qu’ils avaient placé pour attirer les voleurs de vélos. Et ils ont choppé le gars. En France, la police ne ferait jamais cela pour un vol de vélo ! Mais là-bas, la criminalité est tellement faible qu’ils peuvent se permettre de monter ce genre d’opérations pour coincer un voleur de vélos. »

– – – Un grand merci à Vincent de m’avoir fait partager sa passion pour le Japon et donné des envies de voyages !

Pour en savoir plus :

Une wonder cycliste

Une wonder cycliste

Pour notre troisième article de la série « le vélo comme on l’aime », l’équipe du CADR 67 est allée mener l’enquête dans le quartier de la Krutenau à la rencontre de la pétillante Mélanie. Instit’ tout sourire, elle a accepté de nous faire partager un bout de son histoire et quelques astuces (pas banales) pour éviter de se faire voler son vélo. Nous en avons maintenant la preuve : les super héros aussi font du vélo ! Entretien avec une wonder cycliste.

Souvenirs de vélo en famille

Mélanie ne se rappelle pas comment elle a appris à faire du vélo : « Je pense que ça devait être avec mes parents… Il faudrait que je leur demande. Honnêtement, je n’en ai aucune idée ! » Elle enchaîne : « Mais je pense qu’on a fait du vélo assez rapidement car je me souviens de balades à vélo, alors que j’étais assez petite, avec mes parents et mon petit frère. Je me rappelle d’ailleurs très bien comment il a appris à faire du vélo. Nous habitions à la cité nucléaire de Cronenbourg dans une grande barre d’immeuble. A l’arrière, il y avait un terrain de football bordé par une petite route qui n’était accessible qu’aux piétons. C’est là que mon petit frère a appris ! Je me souviens que je pédalais à côté de lui pour l’encourager. »

Dans la famille, c’est la mère de Mélanie qui faisait beaucoup de vélo : « Ma mère avait pris une disponibilité quand nous étions petits et elle a repris le travail lorsque j’avais huit ou neuf ans. Elle avait le permis de conduire, mais nous n’avions qu’une seule voiture et mon père l’utilisait pour se rendre au travail. Du coup, ma mère se rendait au travail à vélo ! Mon petit frère et moi l’accompagnions souvent pour aller faire les courses ou ce genre de choses.  A l’époque, il n’y avait pas de vélo cargo et les fauteuils enfants à l’arrière des vélos étaient sacrément dangereux. Donc dès que tu savais pédaler, tu pédalais avec ! »

Par la suite, la famille quitte Cronenbourg pour aller s’installer à la campagne. Mélanie faisait alors du vélo pour rejoindre son collège qui se trouvait dans le village d’à côté. Une fois au lycée puis à la fac, elle ne fait plus beaucoup de vélo et se déplace principalement en voiture : « Comme j’ai eu mon permis assez rapidement et que nous allions tous les quatre à Strasbourg, on faisait du covoiturage avec mes parents. Soit ils m’emmenaient en voiture, soit je conduisais mon petit frère. »

Une instit’ à vélo

A l’issue de ses études, Mélanie est devenue institutrice et elle s’est installée à Strasbourg. Comme elle n’avait pas de voiture, l’option vélo s’est imposée d’elle-même : « Quand j’ai su que j’allais travailler à Strasbourg, on a tout de suite fait une bourse aux vélos. C’est là que mes parents m’ont offert ma première monture. Il y a toujours eu des vélos à la maison, mais c’étaient des VTT pour se déplacer à la campagne, dans les champs. Il m’en fallait donc un qui soit léger et pas trop visible pour ne pas tenter les voleurs. Je me souviens que c’était un vélo à rétropédalage. Je me suis d’ailleurs payé un beau gadin avec ! J’avais oublié que, lorsque je pédalais en arrière, ça freinait… »

Quand elle a commencé à enseigner, Mélanie a été remplaçante pendant toute sa deuxième année. Comme elle l’explique, le vélo était alors le moyen de déplacement le plus pratique : « J’habitais au centre-ville de Strasbourg, dans le quartier de la Krutenau, et je faisais des remplacements dans les écoles alentours. J’étais rattachée à l’école de Reuss et on m’appelait le matin pour me dire que je devais aller remplacer un professeur absent dans tel ou tel endroit. L’école la plus éloignée où je pouvais être appelée était située au Stockfeld, au fin fond du Neuhof. Je faisais tous mes déplacements à vélo et cela me permettait de rejoindre les écoles très rapidement. »

Par la suite, lorsque Mélanie a occupé des postes fixes, elle a continué à se déplacer à vélo : « J’ai toujours demandé à enseigner dans des écoles qui étaient facilement accessibles de chez moi en vélo. Je ne voulais pas dépasser un temps de trajet supérieur à 45 min. Là, ça commence à faire trop long ! Surtout que lorsque l’on est institutrice, on doit souvent transporter du matériel. Vous me verriez parfois, c’est épique ! J’ai un énorme sac sur le porte-bagage à l’arrière, deux sacs en plus sur le guidon… »

L’évocation du porte-bagage rappelle une anecdote à Mélanie : « J’ai un magnifique tendeur vert qui me permet de fixer mon sac sur le porte-bagage. Mon vélo est donc facilement repérable et les copains le connaissent. Un jour, j’avais attaché mon vélo en centre-ville et, lorsque je suis venue le chercher, je me suis rendue compte que quelqu’un avait attaché son vélo au mien ! J’ai commencé à me lamenter : « Oh non, mon vélo ! Comment vais-je faire pour le récupérer ? » En fait, c’était un copain qui avait fait le coup et qui était plié de rire à quelques mètres de là… Suite à cette histoire, je fais maintenant très attention de ne pas accrocher mon vélo au cadre ou à la roue d’un autre vélo par mégarde ! »

Finalement, Mélanie a été conquise par le vélo et elle évite désormais de prendre la voiture : « J’ai eu une voiture très tard et je dois avouer que je ne prends pas plaisir à conduire. Strasbourg est une ville tellement pratique pour le vélo qu’il est hors de question pour moi d’utiliser la voiture à Strasbourg ! C’est une perte de temps et d’énergie. »

Cadenasser son vélo avec classe et zèle

Le rêve de Mélanie ? Se payer un beau vélo ! Mais avec toutes les histoires de vol de vélos à Strasbourg, les choses ne sont pas si simples… Mélanie nous explique : « Je n’ose pas investir dans un beau vélo car j’ai trop peur de me le faire voler. Pour mon anniversaire, je m’étais réservé un superbe vélo chez Rustine et Burette, mais une collègue s’est fait voler son vélo juste à ce moment-là, alors qu’elle avait un gros cadenas et que son vélo était garé dans un espace sous vidéo-surveillance. Ça m’a bien refroidie ! »

Jusqu’à présent, Mélanie a toujours eu de la chance : « Je ne me suis jamais fait voler mon vélo, mais il faut dire que j’ai deux cadenas et que je suis vigilante. Si je suis dans un quartier que je connais bien, je ne mets que mon gros cadenas. Mais dès que je suis dans un endroit où il y a beaucoup de vélos – typiquement les alentours de la gare ou de la Place Kléber, là où les vélos peuvent disparaître rapidement et où les gens ne font pas attention – je mets mon deuxième cadenas en U sur la roue arrière. » Et si le vélo de Mélanie ne paie pas de mine, il n’en est rien : « Dans les faits, c’est un super vélo ! Je dirais même que c’est un vélo de cœur puisque c’est celui que j’ai récupéré de mon papy. Ça me ferait bien mal qu’on me le vole ! En plus, il a une sonnette qui fait exactement le même ding-dong que celui du bus. »

Mélanie poursuit : « Dans notre ancienne maison à la Krutenau, nous avions un porche avec une vieille porte en bois. Il suffisait de donner un grand coup d’épaule pour ouvrir la porte et entrer dans la cour. Comme les vélos étaient simplement posés contre les murs, les voleurs pouvaient facilement les emporter. Les voisins se sont d’ailleurs fait voler leurs vélos comme cela. » Mais, comme l’explique Mélanie, son compagnon et elle ont mis au point une technique infaillible pour dissuader les voleurs : « Mon vieux vélo – que j’avais récupéré de ma mère – s’est avéré bien utile. C’était un vélo Peugeot orange trop classe, mais qui avait fait son temps : les pneus à plat, tous crevés, le dérailleur fichu ! Eh bien il nous a servi d’arceau pour accrocher nos deux vélos ! Trois vélos attachés ensemble, c’est impossible à transporter. Technique imparable contre le vol ! »

Avec un sourire, Mélanie nous glisse une petite anecdote : « Une fois, mon compagnon et moi faisions du vélo entre Schiltigheim et la place de Haguenau et nous avons assisté à un accident sur l’autoroute. Une voiture qui a fait de l’aquaplaning juste sous nos yeux ! Ni une, ni deux, je saute de mon vélo, je le jette sur le côté, je monte la côte pour arriver sur l’autoroute et voir si le conducteur en question va bien. Je me retourne juste pour voir si mon compagnon me suit et là… il était en train de cadenasser nos vélos ! Parce qu’on ne sait jamais… Et moi, j’étais en train de crier : « Mais bon sang ! Appelle les secours !!! » »

La nécessité d’une vraie politique en faveur du vélo

Mélanie est une grande amoureuse de Strasbourg et de son centre-ville piéton. Comme elle l’explique : « A chaque fois que je me rends dans une ville en France ou en Europe et que je vois une ville magnifique où les voitures passent juste devant une cathédrale ou un monument, je me dis que c’est aberrant. Il est vrai que nous avons beaucoup de chance à Strasbourg par rapport à cela ! » Néanmoins, Mélanie regrette que cette politique reste centrée dans l’hypercentre, à l’intérieur de la ceinture de l’Ill : « Finalement, tout ce qui est autour de cette ceinture en pâtit ! C’est typiquement l’exemple des quais. J’ai vécu dix-huit ans à proximité du quai des Bateliers. On est enfin en travaux pour que cela devienne un quai à sens unique.  J’ai participé aux réunions de projet, j’ai donné mon avis mais je trouve qu’ils ne sont pas allés loin. J’aurais souhaité une vraie piétonisation des quais, qu’ils deviennent des lieux de rencontre. J’aurais souhaité qu’ils mettent en place un système de bateaux-bus : les voies navigables de l’Ill font partie intégrante de la magie de notre ville et nous devrions les utiliser beaucoup plus. »

Sujette aux allergies, Mélanie explique être très sensible à la pollution : « Je consulte régulièrement les sites qui indiquent les indices de qualité de l’air et je vois bien les jours où l’on est dans le rouge… Il faudrait que l’on développe une vraie politique pour désengorger la ville et limiter la pollution atmosphérique. Pour moi, le prix des transports en commun n’est pas assez attractif. On est quand même à 1€70 le ticket, 2€ dans le bus : c’est cher pour une ville comme Strasbourg. Je sais qu’il existe des tarifs réduits pour les jeunes ou les personnes en situation précaire, mais beaucoup de gens qui sont pourtant en difficultés ne rentrent pas dans les critères. Il est vrai que les parking-relais à l’extérieur de Strasbourg sont une bonne initiative, mais il faudrait qu’ils soient plus attractifs. Avec le prix actuel des transports en commun, ils ne le sont pas assez. »     

Cela fait vingt ans que Mélanie pratique le vélo à Strasbourg. Elle a pu constater les progrès réalisés sur l’Eurométropole, avec notamment la multiplication des pistes cyclables. Selon elle, Strasbourg est d’ailleurs devenue assez rapidement une ville agréable pour les vélos. Mais force est de constater que la capitale française de la petite reine est victime de son succès. Pour reprendre les mots de Mélanie : « A l’heure actuelle, je trouve que nous sommes en manque de pistes cyclables et d’infrastructures adaptées. Nous sommes de plus en plus nombreux – et tant mieux ! – mais la circulation devient compliquée. Personnellement, j’aime aller au travail tôt, ce qui fait que je pars de chez moi vers 7h15 du matin : à ce moment-là, c’est plutôt tranquille. Mais si je pars à 7h45, c’est l’enfer ! A ce moment-là, la circulation en centre-ville part dans tous les sens, les gens ne font pas attention… Je sais que j’évite certaines artères à vélo qui sont envahies par les vélos, à tel point qu’elles en deviennent dangereuses ! Je pense vraiment que l’on sature à certains endroits, c’est également le cas au niveau du stationnement. Quand tu es obligé de tourner pour trouver une place où garer ton vélo en centre-ville, ce n’est pas agréable ! »

Mélanie insiste sur l’incivilité de certains cyclistes : « Beaucoup ne respectent ni les piétons, ni les voitures ! Il y a une chose qui m’agace au plus haut point, ce sont les vélos qui circulent à contre-sens sur les pistes à sens unique. Je trouve ça très dangereux : il suffit qu’il y ait un piéton, une poussette, une voiture qui ne regarde que d’un seul côté… Un autre problème, c’est que les cyclistes ont tendance à griller les feux : les gens pensent qu’il sont à vélo pour aller vite. Ce sont des comportements dangereux et il est essentiel d’éduquer par rapport à cela ! »

Pour Mélanie, la ville de Strasbourg va devoir réfléchir à une vraie politique en faveur du vélo : « Je pense qu’il faudrait commencer par revoir l’organisation des pistes cyclables. C’est vrai que la ville a déjà fait des essais. A la Krutenau par exemple, ils avaient mis en place des zones de partage où les vélos et les piétons sont prioritaires par rapport aux voitures. Le problème, c’est qu’il n’y a qu’un endroit comme cela dans Strasbourg et que personne ne connaît, donc ça ne marche pas… Après, il faudrait développer les transports en commun pour qu’il y ait moins de voitures et donc plus de place pour les vélos. »

Point de vue sanction, Mélanie trouve que les choses bougent : « Je me fais régulièrement contrôler pour vérifier les lumières sur mon vélo et je trouve que c’est une excellente chose. Je sais que l’on peut aussi se faire verbaliser si l’on porte des oreillettes lorsque l’on circule à vélo. A une époque, j’aimais bien écouter de la musique à vélo mais je ne le fais plus: c’est bien trop dangereux. » Pour elle, il est essentiel d’intervenir au niveau des écoles : « Les permis-vélos sont une excellente chose ! C’est d’ailleurs une volonté du gouvernement que tous les écolier aient le permis vélo. Il nous faut une véritable éducation au code de la route et à la pratique du vélo : cela démarre dans les écoles. En éduquant les enfants, on va éduquer les parents ! »

Même si Mélanie avoue râler tous les matins quand elle monte sur son vélo, surtout lorsqu’il pleut, elle trouve qu’il est très agréable de faire du vélo à Strasbourg : « A vélo, je m’émerveille de la nature. Même si l’on est en ville, la nature est tout autour de nous et cela, on ne peut s’en rendre compte qu’en étant à vélo. Il y a une forme de liberté : les oiseaux qui chantent autour de toi, le ciel bleu, la pluie aussi parfois… » Et en vraie wonder cyliste, Mélanie est bien sûr équipée contre le mauvais temps : « Donc oui, j’ai une cape de vélo… Mais, comment dire… J’ai voulu faire la belle et investir dans une cape faite par un grand couturier. La Redoute, Christian Lacroix, une cape de vélo : la classe quoi ! Mais en fait, je pense que Christian Lacroix n’a jamais fait de vélo. Elle est belle cette cape, mais elle n’est pas du tout pratique : la capuche me tombe sur les yeux, je suis obligée de tirer à fond sur les cordons… Vous connaissez le sketch du K-Way de Dany Boon ? Eh bien, c’est la même chose ! »

– – – C’est un oiseau ? C’est un avion ? Mais non, c’est une wonder cycliste !

Merci encore à Mélanie d’avoir répondu à nos questions !