Sur les bancs de la vélo-école

Sur les bancs de la vélo-école

Promouvoir la mobilité cyclable, c’est bien beau, mais encore faut-il s’assurer qu’un maximum de personnes soit en mesure de faire du vélo, en toute sérénité. C’est pourquoi le CADR 67 propose chaque année des sessions de vélo-école. L’inscription pour les cours d’automne approchant, nous avons eu envie de vous donner un petit aperçu de la dernière session, organisée au printemps 2018. Alors une vélo-école, ça ressemble à quoi ?

Allons faire connaissance avec les cyclistes en herbe du quartier de la Meinau, qui ont sillonnés les pistes aménagées du parcours d’éducation à la sécurité routière, ainsi que ceux du quartier du Port-du-Rhin, au cœur du parc des Deux-Rives. Difficile de les louper, avec leurs gilets jaunes réfléchissants et leurs vélos à petites roues. Les élèves sont toutes des femmes, de tout âge et de toutes origines. Il y a quelques mois encore, celles-ci ne savaient pas faire de vélo, mais à la fin de la session, toutes pédalent fièrement sur leur petite monture.

C’est grâce à la bienveillance et aux conseils prodigués par Agathe et Vincent, les deux moniteurs, que les élèves ont peu à peu pris confiance en eux. L’apprentissage se fait sur des vélos spéciaux, fournis par le CADR 67, avec un cadre relativement bas – pour assurer un meilleur équilibre – et des pédales pliables. Les élèves débutent ainsi sans pédales, comme sur une draisienne, puis avec une seule, puis deux… et le tour est joué ! Les élèves s’exercent d’abord en circuit fermé, avant qu’un moniteur ne les emmène peu à peu faire des tours « pour de vrai » dans la ville. Comme l’explique Vincent, l’idéal serait de pouvoir disposer d’une vélo-école fixe : « Cela nous éviterait de devoir transporter les vélos à travers toute la ville ! Nous pourrions ainsi faire plus d’heures de cours, mais aussi nous poser dans une salle pour aborder plus en détails des questions relatives au code de la route et à la sécurité routière. »

Parmi les élèves de la vélo-école, on trouve de vrais débutants, qui n’ont jamais eu l’occasion d’apprendre.

C’est le cas de Salima, qui a grandi en Algérie et vit en France depuis plusieurs années maintenant. Son mari, qui fait régulièrement du vélo avec leurs deux garçons, lui a pourtant acheté une bicyclette, mais Salima n’osait pas l’utiliser. C’est finalement la lassitude de devoir prendre la voiture tous les jours qui l’a poussée à passer le cap. C’est d’ailleurs une autre maman qui lui a suggéré de s’inscrire à la vélo-école. Salima est bien heureuse d’avoir suivi son conseil : « Maintenant, je vais pouvoir utiliser le vélo pour me déplacer en ville et partir en balade avec mon mari et les garçons ! »

Naziye va elle aussi pouvoir profiter des avantages du vélo. La jeune femme a le permis de conduire et utilise la voiture de son mari pour se déplacer les week-ends, mais en semaine, c’est plus compliqué. Elle a une petite fille de cinq ans qu’elle amène à l’école, ce qui n’est pas toujours pratique en transports en commun. Naziye a donc décidé de l’emmener en vélo. En plus, comme elle le dit : « Le vélo, ça permet de faire du sport en même temps ! »

La vélo-école peut aussi être l’occasion d’apprendre à faire du vélo entre amis ou en famille. Se motiver à plusieurs, c’est toujours mieux !   

Hélène et Marcelline sont venues ensemble. C’est Hélène qui a pris les devants. Il faut dire que tous ses amis savent faire du vélo, sauf elle, et que son petit ami fait 40 km de vélo par semaine ! Il lui a toujours promis qu’il lui apprendrait à faire du vélo… mais ce n’était pas évident. Lorsque Hélène a repéré une affiche des cours de la vélo-école à la boulangerie, elle a donc sauté le pas et entraîné son amie Marcelline : « Toi non plus tu ne sais pas faire de vélo ? Eh bien, viens avec moi ! »

Simone, quant à elle, est venue accompagner sa maman Sagada, originaire d’Inde. Cette dernière a eu envie d’apprendre pour ne plus devoir rester à l’écart des sorties de famille à vélo pendant les vacances. Pendant que sa maman enchaîne les tours de piste, Simone raconte qu’apprendre à faire du vélo est une chose osée pour beaucoup de femmes indiennes : « Cela reste inconcevable pour beaucoup d’entre elles car cela rompt avec les traditions. Les femmes qui osent passer le cap recherchent une sensation de liberté. Le vélo est un moyen de s’intégrer, d’être moderne. C’est très motivant pour ces femmes de voir d’autres femmes qui amènent leurs enfants à l’école à vélo. »

Et parmi nos élèves, il y a bien sûr ceux qui ont appris, mais qui manquent tout simplement de pratique. Il suffit parfois d’un petit coup de pouce…

Yousra a appris à faire du vélo lorsqu’elle était petite en Tunisie, mais n’a jamais vraiment eu l’occasion de pratiquer. « Je ne savais conduire qu’en ligne droite ! » Venue étudier en France, la jeune femme remonte sur un vélo, il y a trois ans, dans un parc à Paris, où ses petits cousins la défient de se mettre en selle. C’est finalement en Alsace que Yousra décidé de passer le cap, une amie lui ayant conseillé de s’inscrire aux sessions organisées par le CADR 67. Au début, Yousra avoue que c’était un peu difficile, mais elle se débrouille désormais comme une cheffe. Elle compte bien s’acheter un vélo pour aller en ville toute seule, faire des balades pour respirer ou encore aller faire des courses.

Danielle vient tout juste de prendre sa retraite : « Cela fait 42 ans que je n’avais pas mis les fesses sur un vélo ! » Elle raconte avoir fait beaucoup de vélo dans sa jeunesse, avant les années lycée et la mobylette, puis les études, le permis et la voiture ! Cela fait deux ans que l’idée de se remettre en selle lui trotte dans la tête, mais elle avait besoin de reprendre confiance. Avec la vélo-école, « c’est revenu très vite ! » Danièle compte utiliser le vélo pour les petits déplacements du quotidien, notamment aller rendre visite à sa mère qui est en maison de retraite, pas très loin de là où elle habite.

Marina, quant à elle, est née en Arménie et cela fait quinze ans qu’elle habite en France. Elle a appris à faire du vélo dans son pays d’origine alors qu’elle avait six ou sept ans, mais elle a tout oublié. Quoique… Lorsqu’elle a commencé les cours, elle a su se débrouiller au bout de quinze minutes à peine ! Sa fille a appris à faire du vélo avec le CADR 67 et c’est elle qui lui a conseillé de venir prendre des cours. Marina en est ravie : « Je trouve que le prix des cours est très raisonnable. C’est une chance de pouvoir apprendre avec des professionnels compétents. Je trouve qu’ils font un super travail. Tu le mettras dans l’article, n’est-ce pas ? Merci à l’équipe !! »

– – –  Et merci aux élèves d’avoir répondu à nos questions !

Retrouvez toutes les infos sur la vélo-école en suivant ce lien : https://cadr67.fr/la-velo-ecole/

Aby, oh Aby !

Aby, oh Aby !

Monsieur et Madame Cyclette ont une fille. Comment s’appelle-t-elle ? Aby Cyclette ! Voici le joli pseudonyme d’une jeune illustratrice strasbourgeoise, qui a tout plaqué pour partir vivre un an au Québec, avant d’enchaîner avec un séjour de 10 mois en Nouvelle-Zélande – des aventures qu’elle croque avec malice sur son blog et qui ont été publiées sous forme de recueils. Il n’en fallait pas plus pour susciter notre curiosité et nous donner envie de faire la connaissance de cette cycliste mordue de voyages. Cela tombe bien : Aby est de retour à Strasbourg et a accepté de se prêter au jeu de l’interview, entre deux séances de dédicace de sa bande dessinée Welcome to Kiwiland – Récit d’un aller et retour en Nouvelle-Zélande ! Une rencontre qui nous a donné envie de manger des poutines, de revoir le Seigneur des Anneaux et d’écouter du Bashung. Aby, oh Aby ! Tu devrais pas m’laisser la nuit. J’peux pas dormir, j’fais qu’des conneries. Oh Aby !

Hit the road, Aby Cyclette !

Dessiner a toujours été le passe-temps favori d’Aby, avec quelques prédispositions côté paternel : « Mon père voulait devenir illustrateur – il a d’ailleurs fait quelques planches dans le magazine Métal Urbain – et m’a toujours encouragée dans cette voie ! J’ai fait un bac arts appliqués au lycée Marc Bloch de Bischheim et ça m’a beaucoup plu. J’ai enchaîné avec un BTS en communication visuelle avant d’intégrer les beaux-arts de Metz avec une spécialisation en illustration narrative – ou pour faire simple : bande dessinée ! » Une fois son diplôme en poche, Aby rentre à Strasbourg où elle travaille dans une boîte de communication pendant trois ans. Seul hic, la jeune femme n’est pas heureuse : «  Même si j’aimais ce que je faisais, je n’aimais pas l’ambiance au travail. Je détestais rester assise devant un ordinateur toute la journée, ça me rendait folle ! Est-ce que je vais faire ça jusqu’à ma retraite ? Et là, je me suis dit : non ! J’ai tout quitté, revendu mes meubles, demandé un VISA canadien – que j’ai eu la chance d’obtenir – et je suis partie vivre un an là-bas. »

C’est ainsi qu’Aby atterrit au Nord du Québec, dans la ville de Rimouski. Une expérience grisante et libératrice, à la découverte de la culture québécoise et du travail dans la restauration, qu’Aby retrace sur son blog abycyclette.eklablog.com. Un post en entraînant un autre, les statistiques s’affolent et le site attire toujours plus de lecteurs. Le travail d’Aby est récompensé par la ville de Rimouski, qui lui remet le prix de l’artiste de la révélation pour la féliciter de cette belle initiative. L’idée de compiler le projet sous forme de livre fait peu à peu son chemin : « De retour en France, j’ai collecté mes illustrations, je les ai faites relier et je les ai proposées à des maisons d’édition… Et je n’ai eu que des retours négatifs, voire pas de retours du tout ! Une lectrice de mon blog m’a alors suggéré d’essayer le financement participatif. Cela a a été une épreuve administrative, mais certainement l’une des meilleures expériences de ma vie, avec l’année au Québec. Tout gérer de A à Z, créer la microentreprise, contacter les imprimeurs, gérer le financement : c’était tip top ! » Et ça a marché ! Le récit des aventures d’Aby est finalement publié sous le titre T’es tu correct ? – Histoire d’un voyage et petit guide pratique pour le Québec (tous les exemplaires ont été écoulés pour l’instant, mais une prochaine réédition n’est pas improbable !).

De retour en Alsace, Aby n’a qu’une envie : retourner s’installer au Québec ! Mais l’obtention d’un VISA permanent s’avère être un parcours du combattant : « Au bout d’un an, je me suis rendue compte que les démarches prendraient beaucoup plus de temps que prévu. Comme je ne voulais pas retourner travailler devant un ordinateur, j’ai regardé les autres VISA possibles et je suis tombée sur la Nouvelle-Zélande !  J’ai tenté le coup et, au bout de deux jours, c’était dans la poche ! » C’est ainsi qu’Aby est partie vivre dix mois de l’autre côté du globe, en Nouvelle-Zélande, avec l’idée d’en faire un nouveau livre : « J’’étais partie pour refaire un financement participatif, lorsque j’ai reçu un mail des éditions Michel-Lafon. Ils avaient vu mon premier livre, avaient beaucoup aimé et étaient partants pour éditer le deuxième ! J’ai cru que c’était une blague, mais en fait pas du tout ! » Et voilà, une affaire qui roule ! Le récit du voyage d’Aby est disponible dans un recueil tout beau, tout bleu : Welcome to Kiwiland – Récit d’un aller et retour en Nouvelle-Zélande.

Pour en savoir plus, allez donc jeter un œil aux différents liens que nous avons glissés dans ce paragraphe et ainsi qu’au nouveau blog d’Aby : abycyclette.com. Mais pour l’heure, il nous tarde de répondre à une question essentielle…

Pourquoi Aby Cyclette ?

« En fait, je m’appelle Charlotte, comme le gâteau ! Quand je me suis lancée dans l’illustration, j’ai décidé de prendre un pseudonyme : d’une part, parce que ça fait super-héros vachement cool et puis d’autre part, parce que je ne voulais pas que les gens puissent me confondre avec ma grand-mère, qui porte le même nom que moi, au cas où je publierais certains dessins compromettants. A l’époque, c’était au lycée et je faisais déjà beaucoup de vélo. J’aimais bien Abigaël dans la série NCIS, la médecin légiste gothique… Je me suis dit Aby… Aby Cyclette ! Ça m’a fait marrer. »

Un pseudonyme d’autant plus cohérent qu’Aby a toujours été cycliste, depuis toute petite : « J’ai appris à pédaler comme tous les enfants. A l’époque, on vivait avec mes parents à Souffelweyersheim. Le village venait de se construire, c’était encore tranquille, avec beaucoup de jeunes familles, très peu de voitures et beaucoup de cyclistes. Je suis allée à vélo à l’école primaire, au collège puis au lycée. Le lycée Marc Bloch dispose d’un grand garage à vélo sécurisé, près de la cantine : c’était classe ! Quand il faisait très moche, j’y allais en bus et en tram ; et puis sinon je m’y rendais à vélo en traversant le canal et en suivant les pistes cyclables. »

Coïncidence ou pas, Aby arrête le vélo pendant la période où elle travaille en agence de pub, un quotidien qui ne lui convient pas et  qu’elle finira par envoyer valser : « C’était une période de consommation : j’ai un salaire, une vie stable, je vais dépenser l’argent, compenser en consommant. Je me suis offert une vespa dont j’étais trop fière, mais du coup, j’ai pris du poids parce que je faisais moins d’exercice… » Le vélo : gage de bonne santé physique, mais aussi de bonne humeur ! Aby l’a bien compris et c’est ainsi qu’elle a mis un point d’honneur à utiliser le vélo, même à l’autre bout du monde : « Dès que j’arrive dans un pays, la première chose que je fais après avoir trouvé un logement et ouvert un compte bancaire, c’est trouver un bon petit vélo ! » Nous n’en attendions pas moins de notre cycliste globe-trotteuse ! Alors le vélo au Québec et en Nouvelle-Zélande, c’est comment ?

Vélo chasse-neige et balades le long du Saint-Laurent

Une fois installée au Québec, Aby a rapidement dégoté une monture d’occasion sur internet : « J’ai trouvé mon vélo via le Bon Coin québécois, Kijiji. Seulement, j’avais oublié que les Québecois utilisent le système impérial et non le système métrique ! Du coup, je n’ai pas fait attention au diamètre des roues et je me suis retrouvée avec un vélo taille adolescent… » Réflexe strasbourgeois oblige, Aby s’est empressée d’aller acheter un cadenas dans une boutique, ce qui n’a pas manqué de surprendre les vendeurs : « Ils m’ont demandé : « Mais pourquoi veux-tu cadenasser ton vélo ? Personne ne veut te le voler ! C’est le Québec, ici ! » Et ils avaient raison : personne n’attache son vélo à Rimouski ! Bon après, c’est vrai que c’est une petite ville, ce n’est pas Montréal non plus ! »

Le vélo est ainsi redevenu le moyen de déplacement principal d’Aby : « Les premiers temps, le vélo a été bien pratique quand je cherchais un emploi. Ensuite, j’ai trouvé un boulot dans un fast-food près de chez moi, environ 4-5 kilomètres aller-retour, mais j’étais tout de même bien contente de pouvoir faire le trajet à vélo car cela me permettait de me lever plus tard le matin ! » La jeune femme a quelques anecdotes épiques sur l’hiver canadien : « Il y avait parfois tellement de neige que je n’arrivais plus à passer à vélo : je devais marcher devant à reculons et le tirer, façon traîneau à chiens, sauf que c’était moi le traîneau ! » Mais dans l’ensemble, Aby garde d’excellents souvenirs de ses balades à Rimouski, avec un coup de coeur pour la piste qui longe le fleuve Saint-Laurent :  « Plusieurs fois par semaine, je faisais un détour en rentrant du travail pour passer par là : c’était tellement beau ! Je pouvais prendre la piste cyclable sur des kilomètres et des kilomètres, sans jamais m’arrêter. Rimouski correspond pile poil l’endroit où le fleuve rejoint la mer, ce qui fait que l’on trouve à la fois des poissons d’eau douce et d’eau de mer. On longe la rivière tout en profitant des embruns marins !  » 

Avis aux futurs cyclistes qui aimeraient s’aventurer au Canada : la prudence est de mise pour repérer les différentes réglementations en vigueur d’un état à l’autre. Comme l’explique Aby : « Au Québec, personne ne faisait vraiment attention au port du casque. Je suis allée rendre visite à une amie qui habite Gatineau, à la frontière entre le Québec et l’Ontario. Nous sommes allées faire un tour à Ottawa, qui se trouve juste en face de Gatineau, mais dans l’état l’Ontario. Je voyais que mon amie avait emporté son casque avec elle et, dès que nous avons traversé le pont qui mène à Ottawa, elle m’a dit de mettre le mien, parce que dans cet état, c’est obligatoire ! » Aby poursuit : « Je crois qu’au Québec, le port du casque est recommandé mais pas obligatoire. Il faut dire que les automobilistes sont tellement courtois là-bas que les cyclistes n’en ont pas vraiment besoin. Quoique, j’aurais bien voulu l’avoir le jour où j’ai glissé sur une belle plaque de verglas… J’étais d’ailleurs étonnée car trois personnes se sont retournées d’un coup et se sont arrêtées pour me demander si ça allait. »

Et qu’est-il arrivé à la bicyclette québécoise d’Aby ? « J’avais rejoint une association d’auto-réparation de vélo, avec laquelle j’ai appris à démonter puis remonter mon vélo de A à Z, ainsi que les petites astuces pour tout réparer… J’avais même acheté un petit kit de matériel avec les différentes clefs ! Avant de partir, j’ai offert mon vélo à l’association pour qu’ils le nettoient bien et puissent le revendre. »

Cycling in Kiwiland

L’expérience cycliste d’Aby en Nouvelle-Zélande n’a pas grand-chose à voir avec celle au Québec. Premier constat : impossible de trouver un vélo bon marché sur les sites de petites annonces ! Aby s’est donc rendue au rayon sport d’un Warehouse local : « Je suis tombée amoureuse d’un vélo de ville bleu clair, avec un cadre hollandais et un petit panier à l’avant. Pour 200 dollars, je suis repartie avec ! »

Comme l’explique Aby, la pratique du vélo est encore timide au pays des Kiwis : « Les gens sont plus voiture là-bas. Le vélo est utilisé pour les courtes distances ou alors, tu attaches ta monture à l’arrière de ton 4×4 et tu te rends dans un endroit pour y faire du vélo. Entre deux villes, il y a la route et rien d’autre ; ce n’est pas comme en France où l’on peut suivre des voies aménagées le long des routes ou des canaux pour se rendre d’une ville à l’autre. » Elle poursuit : « Il n’y a pas vraiment de pistes cyclables en ville, ce qui fait que je devais rouler sur la route. Je n’ai jamais eu de soucis avec les automobilistes car ils me voyaient clairement arriver donc il n’y avait pas de problème. » Petit bémol cependant : les Néo-Zélandais roulent à gauche ce qui a occasionné quelques frayeurs à Aby lors de ses premières sorties !

Aby a aussi découvert une réglementation beaucoup plus stricte qu’en France et au Québec : « J’ai fini par être arrêtée par un agent de la sécurité routière qui, en entendant mon accent français, a compris que j’étais nouvelle dans le coin. Il m’a expliqué qu’ici, c’était gilet fluo et casque obligatoire ! Ils sont très carrés à ce niveau-là. » Elle ajoute : « Par la suite, j’ai rencontré une autre expatriée qui venait d’Argentine et à qui il était arrivé la même anecdote avec le même agent de police. » Décidément !

Et qu’est devenu le beau vélo hollandais d’Aby ? « Le patron du restaurant dans lequel je travaillais voulait que j’attache mon vélo devant la vitrine : il faisait tellement français ! Quand je suis partie, je suis allée voir mon chef et je lui ai demandé s’il voulait le vélo. Il me l’a racheté 100 dollars, rempli le panier de fausses fleurs, fait fabriquer un petit morceau de bâche qui rentrait dans le cadre et couvrir le porte-bagage pour indiquer la direction du restaurant. »  

Back in Alsace

Rentrée en France depuis l’an dernier, Aby avait tout d’abord emprunté le vélo de sa grand-mère : « Au Québec, je n’accrochais même pas mon vélo ; en Nouvelle-Zélande, je l’attachais mais bien en vue . Je ne me suis donc pas posé de questions : j’ai attaché la monture à des arceaux juste devant chez moi. La première nuit, pas de soucis, mais après la seconde, il n’y était plus ! »

Aby investit alors dans un vélo Rembrandt, chiné dans un vide-grenier, qu’elle prend soin de garer dans sa cour à un endroit peu voyant, avant de passer au vélo électrique : « J’ai trouvé un travail régulier à 10 km de chez moi, en tant que cuisinière dans une la maison de retraite. Je commençais à avoir un peu mal aux cuisses, d’autant plus que mon travail m’oblige à rester debout toute la journée. Après avoir reçu mes premiers à-valoir sur le livre, je me suis renseignée pour l’achat d’un VAE et je suis partie sur le modèle 900 de B’twin Décathlon. Ça fait maintenant deux mois que je l’ai et j’en suis très contente : je fais mes vingt kilomètres par jour sans m’épuiser. C’est vraiment très agréable ! » Aby nous confie l’un de ses petits plaisirs : doubler, l’air de rien, en pédalant tout doucement et en activant l’assistance électrique, les « échappés du tour de France » ! Elle ajoute : « Je redécouvre un peu plus tous les jours Strasbourg à vélo. J’aime bien changer régulièrement de chemin. Avec les travaux qu’il y a actuellement Porte Blanche et route des Romains pour prolonger le tram, c’est un calvaire pas possible pour venir en voiture ou en bus, je suis donc bien contente d’avoir mon vélo. »

Après son séjour en Nouvelle-Zélande, Aby a pris l’habitude de porter le casque, « surtout avec le VAE qui peut aller jusqu’à 25 km/h ! ». Toute fière, elle nous montre son couvre-chef, bleu pâle et strié de lignes plus foncées : « Je l’ai trouvé dans un vide-grenier en Alsace. Je crois qu’à la base, cela devait être un casque pour faire du skate… Je me suis amusée à le recouvrir d’une peinture acrylique, qui n’abîme pas l’intégrité du casque et qui brille dans le noir. Quand je commence à pédaler et que la batterie se met en marche, mon vélo fait : BBbbbvvvvv. La nuit, avec le casque qui brille, c’est top ! Vous vous souvenez du vieux film « Tron » avec James Bridges quand il fait de la moto lumière ? Eh bien, moi c’est pareil, mais sur mon vélo ! » Une alternative imparable au gilet fluo !

Et le vélo à Strasbourg ? Qu’en pense Aby ? « Pour avoir vu d’autres villes, dans d’autres pays, je trouve qu’à Strasbourg, nous avons la chance d’avoir plein de pistes cyclables et d’endroits très jolis pour rouler à vélo. Le problème, c’est que les mentalités ne sont pas encore là ! Je croise régulièrement des cyclistes qui n’en ont rien à faire et qui conduisent encore moins bien que certains automobilistes. Trottoirs, routes, pistes cyclables : rien à faire, ils tracent ! Et surtout, ils donnent le mauvais exemple à la prochaine génération de cyclistes strasbourgeois. Il y a encore du travail à faire ! »

Entre son travail à la maison de retraite et la promotion de sa bande-dessinée, Aby n’a pas le temps de chômer. Elle se fait peu à peu à l’idée de s’installer à Strasbourg, avec son compagnon, mais souhaiterait faire un dernier voyage avant de poser définitivement ses valises. Nous avons eu droit à une petite exclu : après le Québec et la Nouvelle-Zélande, Aby est en train de plancher sur « The Jules Verne Project ». Affaire à suivre !

On croise les doigts pour la suite Aby ! Et encore merci d’avoir répondu à nos questions !

 

Tous en selle avec les compétiteurs des HUS !

Tous en selle avec les compétiteurs des HUS !

Afin de terminer le Challenge en beauté, l’équipe du CADR 67 est partie glaner quelques dernières idées véloptimistes auprès d’un quatrième compétiteur. Premier employeur du Bas-Rhin, les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg comptent près de 12.000 agents répartis sur différents sites, de Hautepierre au centre-ville de Strasbourg en passant par Schiltigheim et la Robertsau, avec des horaires de travail qui varient beaucoup en fonction des postes et des métiers. Autant dire que, côté mobilité, les challenges ne manquent pas… mais heureusement, les bonnes idées non plus ! Quelles stratégies pro-vélo sont mises en place par les HUS, lauréats du trophée du Pédalier d’Or de l’édition 2017 du Challenge ?

Inciter plutôt que contraindre : la base d’un Plan de Déplacement Entreprise réussi

Quelques coups de pédales suffisent pour rallier l’ancien Hôpital Civil de Strasbourg à partir du local du CADR 67 : remontez la rue d’Or, faufilez-vous sous la Tour-Porte et voici déjà l’entrée des bâtiments. Nous avons rendez-vous avec Noémie, directrice du site de l’Hôpital de Hautepierre et porteuse du Plan de Déplacement Entreprise des HUS.

Nous qui sommes venus à vélo n’avons pas eu de difficultés pour nous garer, mais le stationnement voiture constitue une problématique de taille sur les différentes sites des HUS. Comme nous l’explique Noémie, il s’agit du premier problème concret pour les agents qui viennent travailler : « Au regard d’autres structures comparables, les HUS ne sont pas si mal dotés que cela en termes de places de parking. Néanmoins, nous constatons des difficultés de stationnement partout, sur l’ensemble des sites. Mais qui dit place de stationnement, dit usage du véhicule individuel. Se pose alors la question de la citoyenneté, qui va dans le sens de la réflexion de la ville, c’est-à-dire limiter le nombre de de véhicules en circulation, la pollution, les risques d’accident du travail, etc. Il y a donc une démarche à deux niveaux : résoudre les problèmes de stationnement, tout en promouvant la santé publique sous toutes ses formes. »

Un problème d’autant plus épineux que le site de l’Hôpital de Hautepierre s’apprête à accueillir deux nouveaux bâtiments, faisant passer le nombre d’agents d’un peu plus de 4.000 à près de 5.000, ce qui présage des difficultés de stationnement supplémentaires. Selon Noémie, ce projet d’extension a été un déclic : « Plutôt que de construire de nouvelles places de parking, ce que nous n’avons de toute façon pas la possibilité de faire sur le plan foncier et qui ne serait pas conforme avec la politique de la ville, nous avons choisi de mettre toute notre énergie sur les mobilités alternatives. » C’est ainsi que les HUS ont adopté l’année dernière un nouveau Plan de Déplacement d’Entreprise, visant à promouvoir les modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Le principe est simple : plutôt que de contraindre les agents, en limitant par exemple l’accès aux places de stationnement, l’idée est de les inciter, dès que c’est possible, à utiliser un moyen de transport alternatif, afin de libérer des places de parking pour ceux qui n’ont pas d’autre choix que de venir en voiture.

Pour commencer, il était essentiel de faire un bilan de la situation. Une enquête a donc été menée en interne, en collaboration étroite avec les partenaires sociaux, afin de mieux connaître les profils et les besoins des différents agents en termes de mobilité. Au vu de la diversité des situations, il est apparu primordial de proposer un accompagnement personnalisé. Comme l’explique Noémie : « Il n’y a pas deux agents identiques ! Tout doit passer par l’adaptation aux situations individuelles des personnes, mais aussi l’accompagnement dans leur changement de pratiques. Ce n’est pas en faisant des notes de service ou de la communication sur l’intranet que l’on va faire changer les habitudes des gens. C’est en discutant avec eux, en essayant de comprendre leurs besoins, en présentant les outils qui existent… Cet échange individuel nous donne aussi des idées ! » Elle ajoute : « C’est ainsi que nous avons recruté une conseillère mobilité, chargée d’accompagner les agents sur l’ensemble des sites des HUS, d’échanger avec eux et de leur présenter les différentes solutions de mobilité proposées. Son rôle est aussi d’assurer une veille des actions développées dans d’autres établissements et de développer un réseau avec les associations, les transporteurs publics et les collectivités. »

Un faisceau d’actions pour contribuer à la promotion du vélo

L’incitation à la pratique du vélo fait partie intégrante du Plan de Déplacement Entreprise des HUS. Cela commence par des actions toutes simples : « Notre objectif est de pallier les petits freins du quotidien qui font que les gens n’osent pas passer le cap. Par exemple, s’assurer que tout le monde sache où se situent les douches pour pouvoir se changer, distribuer des plans cyclables de la ville avec les itinéraires sécurisés, fournir des capes de pluie, distribuer des tickets de transport pour ceux qui veulent rentrer en tram, sécuriser les parkings-vélos, etc. On fournit même des échantillons de gel douche pour ceux qui auraient sous-estimé l’impact de la température ! Nous essayons d’apporter des petites contributions pour faciliter la vie de ceux qui souhaitent s’engager dans ces démarches-là, pour leur donner un petit coup de pouce. Une fois que l’habitude est prise, il est rare que les gens reviennent en arrière. »

Un second panel d’actions concerne la sécurité : « Nous avons mené tout un travail en lien avec la sécurité routière – les règles ne sont pas toujours connues lorsque les gens se lancent. Et puis, pour ce qui est entretien des vélos, nous nous reposons sur le partenariat avec les associations, à l’instar du CADR 67, pour proposer régulièrement des contrôles techniques des vélos. Nous mettons également à disposition des pompes à vélo au niveau des parkings sur tous les sites. »

Rien de tel pour encourager la pratique du vélo que de faire preuve d’exemplarité ! Le directeur général des HUS est lui-même un grand adepte de vélo, qu’il utilise en toute saison. Comme le souligne Noémie, cela n’est pas sans importance : « Je crois que c’est fondamental de montrer l’exemple. Il y a pas mal de directeurs et de médecins qui se déplacent à vélo entre les sites. Il est primordial de sortir de cette notion de privilège associée à la voiture. »

La communication est bien évidemment un point clef et le Challenge est une véritable aubaine pour faire parler du vélo. Selon Noémie, celui-ci a clairement un effet incitatif : « Le vélo devient un sujet de discussion, voire de débats. Cela permet de valoriser les agents qui utilisent ce moyen de déplacement : on offre une collation, on organise un pique-nique, on fait des photos, un reportage… Après, vous dire que cela a un effet spectaculaire et que, pendant deux semaines, tout le monde vient à vélo, je pense que ce serait surestimer l’impact du Challenge ! » Elle poursuit : « D’une manière générale, les incitations aux alternatives au véhicule individuel reposent sur un faisceau d’actions. On n’aurait que le Challenge au Boulot à Vélo une fois par an et puis plus rien, je pense que ça n’aurait pas beaucoup de sens. Par contre, le fait que cela s’inscrive dans une démarche globale, annuelle, portée à tous les échelons des HUS, avec d’autres actions, là cela commence à être pertinent. De la même façon, cela a un sens d’inciter les gens à utiliser le vélo parce qu’on les incite aussi à prendre les transports en commun… Tout est lié. »

S’il est difficile de mesurer les effets du Challenge sur la pratique effective du vélo, celui-ci contribue à un changement de paradigme : « Peut-être que le Challenge n’incite pas 1.000 personnes à changer sur le moment, mais cela participe d’une inflexion générale. Les choses ne sont pas figées. Celui qui a une contrainte à un moment donné peut très bien ne plus l’avoir à un autre moment : un nouvel arrêt de bus, des travaux, les enfants qui grandissent, un déménagement… Il repensera alors au Challenge, aux documents mis en ligne, et aura peut-être envie de se mettre au vélo. Qui sait ? »

Et si vous deveniez ambassadeur vélo ?

Au cours de notre entretien, Noémie évoque un projet qui retient toute notre attention. L’idée est simple : mobiliser des agents, sur la base du volontariat, pour devenir des « ambassadeurs vélos » qui auront pour mission d’accompagner et de guider leurs collègues pour les aider à se familiariser avec les parcours cyclables. Ni une, ni deux, nous avons eu envie d’en apprendre un peu plus sur ces potentiels émissaires de la petite reine. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Louis, ingénieur hospitalier et chef de projet aux HUS. Il faut avouer qu’après avoir discuté avec lui, on n’avait qu’une envie : faire du vélo, du vélo et encore du vélo ! Bref, il semblerait que Louis ait tout d’un futur ambassadeur.

Il le reconnaît lui-même, le vélo a toujours été son dada : « Haut comme trois pommes, j’ai toujours traîné en vélo, partout. J’ai un peu lâché ça, le temps de mes études et au début de ma vie professionnelle, puis c’est revenu très vite comme loisir, avec de grosses sorties assez sportives à VTT. Il y a douze ans maintenant, j’ai fait la connaissance de Christian, un ami qui m’a fait découvrir le vélo de route, ce que l’on appelle le cyclotourisme ! L’idée, c’est d’enchaîner les kilomètres, avec des balades sur la journée qui peuvent aller jusqu’à 170 km. » A l’époque, Louis était certes un cycliste assidu, mais pas pour aller au boulot. Il lui a fallu quelques années pour envisager la petite reine comme moyen de locomotion au quotidien : « Le vélo était mon sport, mais je n’avais tout simplement pas pensé que je pouvais aussi l’utiliser pour aller au travail. J’ai fait le trajet en voiture depuis Lingolsheim pendant des années ! Il y a six ans, je me suis dit : ben tiens, pourquoi est-ce que je ne viendrais pas au boulot à vélo ? C’est en fait un autre copain, Pierre, qui m’a mis le pied au pédalier : il m’a montré comment venir au travail par des chemins de traverse, en évitant la route de Schirmeck et le long de l’autoroute. C’était extraordinaire ! » Louis poursuit : « Il y a quelque chose de particulier, c’est que ce copain n’est malheureusement plus là aujourd’hui, il est décédé. Par mémoire et aussi par plaisir, j’ai continué de faire le trajet à vélo. Cela fait six ans maintenant que je viens au boulot tous les jours à vélo, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. A côté de cela, je continue de faire des petites balades avec cet autre copain, Christian, mais à un niveau beaucoup plus réduit. J’ai été gravement accidenté il y a trois ans et le vélo, c’est aussi ce qui m’a relevé de quelque chose dont je pourrais ne plus être là aujourd’hui. Dans le vélo, il y a un extraordinaire plaisir de faire : c’est la liberté, la découverte, le plaisir de l’effort, la sensation de franchir des choses qui pouvaient sembler inatteignables ; c’est aussi de la détente, de la reconstruction. Pour moi, il y a beaucoup de choses dans le vélo. »

Louis, qui est ingénieur de métier, s’intéresse beaucoup à l’aspect technique de l’objet vélo : « Pour moi, il s’agit d’un objet extraordinaire, dans sa simplicité et sa technicité. J’y trouve une expression à la fois esthétique, technique, mais aussi la notion de performance. Les collègues ingénieurs ou les passionnés de vélo arrivent vraiment à fabriquer des choses remarquables : je suis toujours un peu émerveillé par l’évolution qui se fait au fil des décennies, dans simplement l’objet vélo. » Un objet technique, certes, mais ce n’est pas tout : « Pour moi, le vélo a changé une partie de ma vie professionnelle : c’est une manière pour moi de rentrer dans la journée de travail, et le soir, d’en sortir, qui n’a rien à voir avec la voiture. Bien sûr c’est la même direction, mais je me laisse un peu guider par là où j’ai envie d’aller, parfois je fais des détours, parfois je vais vite, parfois lentement, parfois je prends le temps de prendre en photo les cygnes, les hérons, les fleurs… S’arrêter pour regarder un écureuil qui monte à un arbre, c’est tout simplement impossible en voiture ! » Il ajoute : « Ce que je trouve aussi fantastique, et que je ne retrouve pas dans la voiture, c’est le côté sociable du vélo. Je rencontre des gens sur les pistes cyclables : on se côtoie autour de quelque chose que l’on partage et souvent cela finit en discussion. Il y a une communauté sur le trajet que l’on emprunte régulièrement. Dans la voiture, je n’ai jamais trouvé cela : c’est très difficile d’échanger avec les autres, si ce n’est pour s’engueuler… Cela existe aussi sur les pistes cyclables bien sûr, mais cela n’a rien à voir.»

Louis a envie de montrer aux autres qu’il est possible de s’y mettre : « Ce que j’aime faire, c’est stimuler des gens que je sens qui peuvent être intéressés, d’essayer de les emmener, de faire un ou deux trajets avec eux. J’ai moi-même eu cette petite chance avec mon ami Pierre, qui m’a montré le trajet la première fois. A l’époque, je n’avais tout simplement pas pensé que je pouvais me rendre au travail à vélo. Je suis persuadé qu’il y a énormément de gens qui sont dans ce cas-là. La voiture, c’est un peu automatique, c’est pour beaucoup le symbole du passage à l’âge adulte ; et on ne pense pas forcément à une chose beaucoup plus simple qui s’appelle le vélo. » Il enchaîne : « Ce que j’essaie aussi de faire dans mon entourage, c’est de retaper les vélos. Je me rends compte qu’il y a beaucoup de montures qui ne sont pas en très bon état : on se demande bien comment les gens font pour avancer avec ! En fait, c’est un énorme frein à la pratique du vélo. Pour moi, qui suis un puriste, le vélo doit être fiable et bien réglé. Si vous me mettez des pneus dégonflés, des freins qui frottent, la chaîne qui couine, je fais cinq bornes et je ne le reprends plus ! Quand on sent que cela marche bien, c’est plus facile. Cela contribue à ce que les personnes restent motivées et proches de ce moyen de déplacement. »

Alors forcément, l’idée de devenir ambassadeur-vélo fait peu à peu son chemin : « Dans le cadre de notre PDE, l’idée a commencé à émerger et je dois avouer que j’adorerais y participer ! Il y a quelques jours, nous avons organisé un trajet entre l’Hôpital Civil et l’Hôpital de Hautepierre pour montrer un chemin passant par la Montagne Verte. En ce moment, ce n’est pas évident de suivre le tram, avec les travaux route des Romains, j’ai donc choisi un itinéraire sympa, avec plus de vert ! Il y avait treize personnes, des gens qui étaient déjà un peu cyclistes. La direction de la communication avait fait le nécessaire pour qu’on ait un petit encas à l’arrivée, c’était royal ! L’idée serait de refaire le trajet pour que les gens le retiennent ou qu’ils en retiennent un autre. J’aimerais pouvoir continuer : quand je croise l’une ou l’autre personne, j’essaie de le proposer. Je me sens bien mettre de l’énergie dans ce projet des ambassadeurs vélos : si cela permet ne serait-ce qu’à un petit nombre de personnes de mettre le pied au pédalier, ce sera déjà pas mal ! »

Un ambassadeur-vélo, ne manquent plus que les Ferrero, et nous on dit bingo !

Merci à Noémie et Louis de s’être prêtés au jeu de l’interview !

Une équipe de vélotaffeurs qui monte, qui monte…

Une équipe de vélotaffeurs qui monte, qui monte…

Plus qu’une semaine avant le début du Challenge Au Boulot à Vélo ! Prêts à faire flamber les compteurs kilométriques ? En attendant le jour J, nous vous proposons de découvrir une nouvelle équipe de compétiteurs. Rendez-vous en plein centre de Strasbourg, place de la gare, au siège du Crédit Agricole Alsace Vosges. Depuis ces trois dernières années, l’entreprise n’a eu de cesse d’augmenter sa performance lors du Challenge, passant de 685 km parcourus en 2015 à près de 3.800 km en 2017. Une belle remontée, qui leur a permis de se classer 6ème à l’issue de la dernière édition ! Réussiront-ils à faire mieux ? En tout cas, ils sont bien partis…

C’est en pédalant, que l’on devient cycliste !

Cela fait trois ans maintenant que Lorrene organise le Challenge Au Boulot à Vélo au sein du Crédit Agricole Alsace Vosges. Elle nous raconte, qu’après des débuts timides, le nombre de vélotaffeurs a bien progressé : « Sur le site, il y a un peu plus de 300 collaborateurs. L’année dernière, ce sont près de 60 qui ont participé au Challenge. C’est un chiffre en hausse depuis ces dernières années. On a commencé il y a trois ans avec dix collaborateurs, donc on revient de loin ! A force d’insister, de communiquer et avec le bouche-à-oreille, les choses commencent à bouger. » Comme l’explique Lorrene, tout commence en amont du Challenge avec une campagne de communication en interne : animation contrôle technique et marquage des vélos, mails de relance, affiches, articles dans la Newsletter, distribution de goodies… Puis vient le Challenge en lui-même : « Pendant les deux semaines de la compétition, il y a une belle émulation entre collègues : qui va faire le plus de kilomètres ? qui va être le plus original ? Ça se tire un peu la bourre parfois, mais ça crée vraiment une bonne ambiance ! Après, il y a aussi les animations proposées par le Challenge : les goodies, les photos, les selfies… L’année dernière, notre équipe a fait une photo de groupe pour gagner des points. Tout le monde a joué le jeu avec plaisir ! »

Lorrene l’avoue elle-même : « Je ne suis pas une courageuse à la base, encore moins une sportive ! » Et pourtant, le vélo a peu à peu pris sa place dans le quotidien de la jeune femme : « J’habite Lingolsheim, à environ 6 km de mon travail. J’essaie de venir à vélo le plus souvent possible et c’est vrai que la démarche du Challenge m’a mis le pied à la pédale. Et puis, je ne peux pas coordonner l’organisation de l’évènement sans faire moi-même du vélo ! Ce serait mal venu. Au fur et à mesure, c’est devenu une pratique plus régulière, même si je ne viens pas tous les jours. C’est vrai que j’ai le confort d’avoir un accès direct à mon travail avec le tramway, donc je profite aussi de mon abonnement CTS. J’ai plusieurs solutions, donc je les utilise toutes ! Par contre, hors de question de prendre la voiture : se taper la route de Schirmeck, m’énerver pour trouver une place de stationnement, non merci ! »

Le Challenge est un évènement auquel Lorrene tient beaucoup. Elle est convaincue qu’il est important de promouvoir la pratique du vélo, pour limiter l’utilisation de la voiture : « Le Challenge peut être un vrai déclic pour certains ! Il y a ceux qui prennent part à l’évènement, puis viennent de manière plus irrégulière au cours de l’année, mais aussi ceux qui ont adopté la pratique du vélo à la suite du Challenge. Quand des collègues qui n’ont pas l’habitude de faire du vélo viennent pour la première fois, ils se rendent compte qu’il y a les pistes cyclables, que le coin est vraiment chouette, qu’on peut longer le canal, qu’on ne met finalement pas plus de temps en voiture… » Elle poursuit : «  Les collaborateurs ont aussi plus tendance à privilégier l’utilisation du vélo lorsqu’ils ont des rendez-vous dans les différentes agences de l’Eurométropole, ou une course à faire entre midi et deux. L’évènement permet aussi de développer des actions tout autour du vélo. Récemment, un local douche a été mis en place : cela va permettre aux cyclistes de se changer en arrivant au bureau. »

Claudine à vélo

Notre passage au Crédit Agricole Alsace Vosges est l’occasion de faire connaissance avec Claudine et Gérard, deux participants assidus du Challenge, qui ont accepté de nous faire partager leur expérience de vélotaffeurs.

Claudine habite dans le quartier de Neudorf, à 4-5 km du bureau. Pour elle, le vélo, c’est tous les jours, toute l’année, sauf quand il pleut des cordes ! Un petit bonheur quotidien dont elle ne pourrait plus se passer : « Je sors du boulot la tête pleine de chiffres… Le temps de rentrer à vélo et je déconnecte totalement ! J’ai besoin de ça. Cet hiver, à un certain moment, mon compagnon avait proposé de me ramener à la maison en voiture, mais pour moi c’est comme une punition ! C’est vraiment un moment de bonheur. Le matin, je traverse le centre-ville, il est sept heures, j’ai l’impression d’avoir la ville à moi. Le soir, pour peu qu’il fasse beau, j’oublie mon chemin :  je passe par Kehl, par le canal de la Bruche… Bref, je profite ! »

Elle poursuit : « Dès que je suis à Strasbourg, je suis à vélo ! J’utilise la monture classique, pour mes petits trajets, lorsque je sais que je vais la laisser accrochée quelque part. Depuis quelques mois, j’ai aussi un vélo électrique, pour faire des balades plus importantes : là, c’est le vélo plaisir ! Pour venir au travail, je prends généralement le vélo standard parce qu’il y a de très fortes chances que je m’arrête pour faire une course ou pour aller au cinéma en soirée. Je ne laisse pas ma monture électrique accrochée en ville car j’ai trop peur de me la faire voler… » C’est d’ailleurs après avoir testé un vélo à assistance électrique, prêté par l’Eurométropole de Strasbourg dans le cadre du Challenge, que Claudine a passé le cap : « L’idée me trottait déjà dans la tête, mais c’est vrai qu’après avoir essayé, j’ai été convaincue ! Il y a maintenant de très bons vélo électriques, pratiques, maniables et avec une belle puissance. J’ai d’ailleurs eu la chance de pouvoir bénéficier d’une subvention de 300 euros de la part du Comité d’Entreprise, plus 250 euros de la part de l’état. 550 euros : ce n’est pas anodin ! »

Un Challenge dans le Challenge

Gérard, lui, est aussi un cycliste régulier, mais il vient d’un peu plus loin : « Moi, j’ai un vélo tout court et je le prends quotidiennement. J’habite Colmar, mais je vous rassure, je ne fais pas Colmar-Strasbourg tous les jours ! Je vais juste de mon domicile à la gare, ce qui fait environ 5 km. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente ! » Il ajoute : « Je trouve que c’est un moyen de locomotion rapide et, en plus, à la gare, il y a un parking-vélo sécurisé qui marche avec l’abonnement de train. Pour moi, c’est vraiment le moyen le plus rapide. Il y a des jours où c’est un peu difficile – j’ai tout de même 59 ans – mais c’est vrai, qu’une fois au bureau, on ne bouge plus trop, donc un peu d’exercice physique, ça fait du bien ! » Et comment !

Rien de tel qu’un Challenge pour réveiller l’âme de compétiteur qui sommeille chez nos adeptes de la petite reine. L’année dernière, Gérard a réalisé un petit exploit : « Dans le cadre du Challenge, j’ai fait un aller-retour Colmar-Strasbourg avec le vélo électrique qui nous avait été prêté par l’Eurométropole. Le trajet fait environ 75 km. Au départ, ce n’était pas pour marquer des points, mais plutôt un challenge personnel. Un collègue l’avait déjà fait jusqu’à Sélestat sans problème, alors je me suis dit que j’allais tester ! » Mais qui dit Challenge, dit bien sûr péripéties (sinon, ce ne serait pas drôle) : « Je suis donc venu au bureau le matin en train et je suis reparti le soir avec le vélo électrique. Manque de bol, je suis tombé en panne de batterie un peu après Sélestat… J’ai dû faire les 15 derniers kilomètres sans l’assistance électrique. En plus, il pleuvait des cordes : à un moment, j’ai même dû m’arrêter tellement j’étais trempé. Au lieu de trois heures, j’ai mis plus de quatre heures pour rentrer à la maison ! » Gérard poursuit : « J’ai réfléchi toute la nuit pour savoir si je reprenais le vélo pour repartir le lendemain dans l’autre sens… Et puis finalement, j’ai rechargé la batterie à bloc et quand je suis parti, j’ai pris l’assistance intermédiaire. Bon, il a fallu pédaler un peu plus mais le retour s’est bien passé et la batterie a tenu la distance. J’ai mis à peu près trois heures. C’est vraiment bien fait car on longe le canal Rhône-Rhin et on croise très peu les routes. Je dois dire que j’étais vraiment heureux de l’avoir fait, malgré la mésaventure de la veille ! » Et il en faut bien plus pour décourager notre cycliste aventureux : « Cette année, je vais essayer de le faire avec mon vélo normal, sans assistance, et puis on verra bien… On s’est dit qu’on monterait une petite équipe avec les autres collègue qui viennent de Colmar, histoire de ne pas rouler tout seul ! »

Et la suite ?

Comme l’explique Lorrene, la politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) se met peu à peu en place : « Elle concerne surtout notre activité propre, c’est-à-dire le métier de la banque et des financements, mais j’organise aussi des actions pour sensibiliser les collaborateurs à cette question. Sur le plan de la mobilité durable, nous participons notamment à la semaine de la mobilité, en plus du Challenge. Ce n’est pas évident de trouver du temps pour ce genre d’actions, mais nous essayons de faire des petites choses tout au long de l’année. L’an prochain, j’aimerais mettre en place des animations en lien avec la sécurité. » Elle poursuit : « Après, c’est compliqué parce qu’on a le siège et toutes les agences, réparties dans la région Grand Est. On n’est pas forcément sur le terrain, donc c’est difficile de sensibiliser tout le monde. Quand je dis aux collaborateurs d’Epinal de prendre le vélo pour venir alors qu’il y a les grèves SNCF, on ne me regarde pas toujours gentiment… La caisse régionale sensibilise les personnes au covoiturage, les moyens de transport alternatifs et aussi l’utilisation de l’audio ou de la visio pendant les réunions pour éviter les déplacements. Depuis l’année dernière, on a aussi mis en place le télétravail. » 

Côté Challenge, Lorrene se réjouit des progrès qui ont été faits : « Nous n’avons pas encore eu de trophées, mais nous montons bien dans les classements. Je suis heureuse qu’il y ait de plus en plus de monde qui participe, que le nombre de kilomètres parcourus augmente et que les collègues fassent l’effort. Certains viennent parfois de loin ! Quand je propose des choses, je suis de plus en plus soutenue : c’est très positif ! » Elle ajoute avec un sourire : « L’année dernière, j’ai quand même réussi à ce que notre directeur général participe au Challenge ! Il utilise régulièrement le vélo pour se rendre au travail. C’est toujours un petit plus ! Ça me réjouit que le Challenge soit suivi au niveau de la direction et qu’ils y soient sensibles. » Gérard confirme : « C’est vrai que Lorrene fait beaucoup de choses, avec peu de moyens. On pourrait faire encore plus si les moyens étaient là. Peut-être que si on arrive à faire bouger les choses plus haut… A notre niveau, c’est difficile de participer financièrement ! » Lorrene ajoute : « On fait avec les moyens du bord, à la MacGyver ! Par contre, chacun peut participer en montrant l’exemple aux autres. C’est déjà une belle aide ! Et puis après, pour le reste, c’est à moi d’être convaincante. Je vais motiver tout le monde pour arriver dans le top 3 ! » Et Claudine conclut : « C’est vrai que vous être nombreux à venir de Colmar, qu’il y a pas mal de sportifs et de gens qui aiment les défis… Gérard, il faut que tu arrives à les motiver ! »

Camarades haut-rhinois, on compte sur vous ! … Et bravo à tous les MacGyver du quotidien qui œuvrent pour la promotion du vélo au sein de leur entreprise !

– – – Merci à Lorrene, Claudine et Gérard pour avoir accepté de répondre à nos questions !